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Arbitrage

Frédéric Bresch, l'aiguilleur devenu arbitre

La France compte plus de 10 500 arbitres de tennis. Rencontre avec Frédéric Bresch, l’un de ces hommes qui officient sur la chaise ou en bordure de terrain.
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La France compte plus de 10 500 arbitres de tennis, une richesse. Reconnue pour la qualité de sa formation en la matière, la FFT continue de promouvoir cette fonction, fondamentale pour le jeu. Rencontre avec Frédéric Bresch, l’un de ces hommes qui officient sur la chaise ou en bordure de terrain. 
 
 
Frédéric Bresch dégage une certaine tranquilité. A 49 ans, cet arbitre international officie à Roland Garros. Soit le top niveau de l’arbitrage dans le tennis pour ce Corse qui a débuté sa carrière en 2000. Par hasard.
 
"J’assistais à un match dans mon club, le raquette-club de Porto-Vecchio, et il y avait des contestations sans arrêt. Quelqu’un m’a demandé si je voulais monter sur la chaise pour essayer de régler tout ça. J’y suis allé, comme j’avais été classé entre 15/1 et 15 je pensais bien voir la balle. Du coup ça m’a plu, j’ai fait un autre match, puis j’ai passé ma qualification d’arbitre A1", explique-t-il.
 
Contrôleur aérien pour l’armée, il a bénéficié d’une aide au départ il y a quelques années et se consacre désormais entièrement à sa passion : l’arbitrage. Il a alors passé tous les échelons, patiemment, de l’A1 jusqu’au badge blanc qui ouvre la porte à l’international et aux tournois du Grand Chelems, en attendant le badge de bronze. Un long chemin, mais qui explique sans doute la qualité de l’arbitrage français.
 
La ligue corse est l’une des plus petites en France, il y a peu de tournois et aucun joueur négatif. Dès lors la progression pour un arbitre passe nécessairement par des matches dans d’autres ligues où le niveau est plus élevé.
 
"Ça passe d’abord par les clubs et les ligues, on commence par deux demi-journées de formation pour être A1. Et puis on fait quelques matches, si ça se passe bien on passe le A2. Après on fait des matches régulièrement à négatif, si tout va bien on peut postuler au A3, qui permet d’officier sur  tout le territoire. Après une sélection sur dossier, la Commission Fédérale d’Arbitrage met ensuite des formations en place sur des tournois", détaille Frédéric Bresch.


L'émotion de la Coupe Davis

 
De fait, en étant badge blanc, l’arbitre corse fait beaucoup de tournois en France, va faire les qualifications de Wimbledon, était à l’US Open l’an passé et y sera cette année. Pas vraiment le temps de s’ennuyer… Et des expériences inoubliables.
 
"Toutes les rencontres de Coupe Davis que j’ai pu faire avec l’équipe de France, j’ai eu la même sensation : lorsque l’hymne retentit, les frissons montent, c’est une expérience incroyable. A Lille en 2014, c’était une finale, en France qui plus est… Il y a des gens qui peuvent se mettre à pleurer. On se dit, ‘j’y suis’, c’est un peu comme si on représentait nous aussi la France", se souvient-il avec une certaine émotion.
 
Mais quel plaisir prend-il à être arbitre, une fonction où l’on subit plus souvent qu’à son compte les critiques ? "Ce que j’aime, c’est que ce n’est jamais la même chose. On est certes sur un terrain qui fait toujours les mêmes dimensions, les joueurs sont souvent les mêmes, mais un match n’est jamais identique. Les joueurs sont humains, ils peuvent être mal réveillés, être plus agressifs envers l’arbitre ou l’adversaire. Il y a toujours quelque chose de nouveau".
 
Pour être arbitre, les qualités requises sont nombreuses. De ce côté, Frédéric Bresch a certainement été un peu chanceux. Sa formation initiale d’aiguilleur du ciel l’a servi. "Je retrouve des similitudes avec mon ancien métier. Dans le ciel, la situation n’est jamais la même. On a une seconde pour prendre une décision et s’y tenir, il faut connaître les règlements sur le bout des doigts. Il faut supporter la pression dans les deux cas aussi", résume-t-il.
 

Tolérance à toute épreuve

 
Reste qu’il faut savoir prendre, parfois, la frustration voire la colère des joueurs. Ce qui ne semble pas vraiment poser de problème à l’ancien militaire. Mieux, il fait preuve d’une tolérance à toute épreuve.  "Les joueurs sont respectueux des arbitres dans notre sport, globalement. Il peut arriver qu’un joueur ne nous serre pas la main, mais c’est un geste de frustration. En réalité dans ces cas-là, le joueur en veut à la fonction et non à la personne, il ne faut pas le prendre personnellement", estime-t-il.
 
Devenir arbitre n’est pas une sinécure, mais c’est précisément cette exigence de la FFT qui explique la reconnaissance internationale de l’arbitrage français. Au-delà de l’aspect théorique, la FFT est avant tout regardante sur la pratique, le terrain. "En fait, l’examen théorique pour passer au niveau supérieur est une suite logique de notre progression pratique. La FFT nous fait beaucoup travailler et nous évalue sur de nombreux tournois et quand elle estime qu’on est prêt, elle nous fait passer les niveaux supérieurs", confirme Frédéric Bresch. 
 
Désormais, l’arbitre veut pouvoir inoculer le virus à d’autres. Et il sait que c’est un travail de longue haleine. Pas de quoi le décourager cependant. "C’est à moi maintenant de transmettre cette passion dans ma ligue. Je forme des arbitres au A1 et A2. Il y en a un qui va peut-être passer le A3 cette année, c’est une bonne chose pour l’émulation. Ce n’est que le début !"
 
 
 
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