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Mélanie Maudran : ''J'avais un bras assez efficace, surtout côté coup droit''

Héroïne de la série “Un si grand soleil”, qui attire chaque soir entre 3 et 4 millions de téléspectateurs sur France 2, Mélanie Maudran a joué au tennis, et plutôt bien, puisqu’elle fut 15/2 avant de se consacrer au théâtre. Mariée à Thierry Ascione, ex-81e mondial et coach de Jo-Wilfried Tsonga, l’ancienne joueuse de l’AS Patton Rennes 35 continue de suivre un sport qui lui a servi dans sa carrière de comédienne.
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Comment avez-vous découvert le tennis ?

Par mon père, qui jouait et faisait de la compétition. Même si son sport de prédilection était le football. Il a joué au Red Star et à Reims à un bon niveau quand il était jeune, avait des propositions pour aller dans plusieurs clubs français, mais il a privilégié de longues études. Ma famille était d’ailleurs plutôt centrée sur le football, puisque Raymond Kéruzoré (N.D.L.R. : ancien joueur de Rennes, Marseille, Laval, Brest ou Guingamp pendant les années 1970-1980, 2 sélections en équipe de France, avant de devenir entraîneur) est mon oncle et mon parrain. Mon père m’a très vite initiée à différents jeux de balle, avant que je ne commence le tennis, vers 5-6 ans, à l’AS Patton à Rennes. Ç’a été mon premier sport, avec la danse.

 

Très vite, le tennis vous a plu ?

Oui j’aimais le pratiquer, la beauté des gestes, moins la compétition. Vers 10 ans, j’ai intégré la ligue d’Ille-et-Vilaine, avec Vincent Lavergne, qui a ensuite été classé à l’ATP et est resté un ami. J’ai disputé des matchs par équipes, des tournois, dont les Petits Princes à Annecy en 1992. Je suis montée jusqu’à 15/2. Ç’a été mon point culminant, mais j’ai arrêté dans la foulée, car j’ai découvert le théâtre, qui s’est imposé comme une passion dévorante.

 

À quoi ressemblait votre jeu ?

J’avais un bras assez efficace, une bonne vitesse de balle côté coup droit, et un revers chopé souvent croisé, parfois long de ligne, pour monter au filet. À l’époque, avec les Edberg ou Graf, le revers chopé était tendance. Dans le style de jeu, j’étais plus dans l’inspiration de Graf, je dis bien l’inspiration, qu’à “faire des ronds” en fond de court. En revanche, j’avais un revers à une main plus fragile et surtout mes jambes fonctionnaient moins bien. J’étais beaucoup trop aérienne sur le court, sans doute à cause de la danse. Or, pour le tennis il faut des appuis bas et de l’explosivité. Donc contre moi, une amortie était souvent gagnante (rires).

 

La compétition ne vous réussissait pas toujours ?

C’est vrai, j’étais capable d’être nettement meilleure à l’entraînement que lors d’une compétition importante. Je me souviens notamment de la finale d’un championnat de Bretagne où l’enjeu avait pu être assez paralysant.

 

Le tennis vous a quand même servi dans votre carrière de comédienne ?

Oui, je suis heureuse d’avoir eu cette culture sportive. Ça m’a appris à me préparer pour une échéance, à repartir de zéro à chaque tournage, un peu comme un joueur le ferait avant chaque tournoi. C’est pareil pour les castings, même s’il n’y a pas “d’adversaire”, il faut prouver des choses sur un temps assez court, donner le meilleur de soi-même le jour J.

 

Vous êtes mariée à Thierry Ascione, n° 81 mondial en 2004, devenu coach. Quel regard portez-vous sur son parcours ?

J’ai rencontré Thierry quand il avait 27 ans. Il se situait alors aux alentours de la 100e place mondiale. Il a fait une carrière plus qu’honorable, remportant 8 titres en Challenger, accédant au 2e tour à Roland-Garros. Je suis très fière de son parcours. D’autant qu’il ne s’agit que d’une première vie qui vous oblige à partir de chez vous très jeune, loin des parents, et qui s’arrête rapidement. Thierry a dû quitter sa famille dès 12 ans, ça n’était pas simple. Et contrairement au football, qui permet d’en vivre même en Ligue 2, en tennis si on n’est pas dans les 100 meilleurs mondiaux, donc dans les 8-10 meilleurs Français, on ne gagne pas toujours sa vie. Après un tournoi, du jour au lendemain, sans préavis, Thierry a pris la décision d’arrêter sa carrière. Il sentait qu’il avait fait le tour.

 

Sa reconversion est particulièrement réussie…

Oui mais au début il a fallu se réinventer. Thierry s’est débrouillé seul, a quitté le monde du tennis pour monter sa société de conseil et de placements immobiliers. Mais le tennis est revenu à lui puisque Marc Gicquel lui a demandé de l’entraîner. Tant mieux car c’est sa passion. Il coache Jo-Wilfried Tsonga depuis 2013. Il a également monté la All In Academy, avec des entraîneurs comme Marc Gicquel ou Nicolas Copin. Une structure à taille humaine qui permet à d’excellents joueurs comme Grégoire Barrère, et beaucoup d’autres, de progresser. Thierry a enfin créé le tournoi de Lyon en 2017, l’Open Parc Auvergne-Rhône-Alpes Lyon, dans le Parc de la Tête d’Or, dont il est le directeur. Une épreuve ATP 250 disputée sur terre battue, dont “Jo” est l’ambassadeur. Dès la première année, il y avait Kyrgios, Raonic, Simon, Del Potro ou Berdych… et Tsonga, qui l’a emporté.

 

Justement, quel regard portez-vous sur la carrière de Jo-Wilfried Tsonga ?

Forcément, comme mon mari l’entraîne, notre vie est liée de façon assez étroite à celle de Jo, à ses résultats. Les déplacements d’un coach sont fréquents, je le comprends parfaitement en raison de mon métier, même si ça n’est pas toujours facile pour nos enfants. J’ai la chance de connaître “Jo”, qui est un type très chouette, nos familles se connaissent et s’apprécient. Entre Thierry et Jo-Wilfried, il y a une vraie aventure humaine, une complicité. Mon mari est un soutien infaillible pour lui, il y met beaucoup d’énergie, il y a beaucoup de joies partagées entre eux, un lien très fort. Je suis forcément admirative du parcours sportif de “Jo”. Mais l’homme est resté simple, c’est quelqu’un de bien. Comme nous vivons désormais entre Montpellier et Paris, il était normal d’aller soutenir “Jo” à l’Open Sud de France au mois de février. Sa victoire après une longue blessure était un très beau moment.

 

En dehors de Roland-Garros, où vous venez régulièrement, vous assistez à beaucoup d’autres tournois ?

Quand mon mari jouait, je l’accompagnais sur le circuit autant que je le pouvais. Aujourd’hui, nos deux fils commencent à avoir l’âge, donc nous sommes partis ensemble au tournoi de Marseille (l’Open 13, du 18 au 24 février), car il est important qu’ils voient ce que fait leur papa, qu’ils comprennent son métier. Par manque de temps, je ne me déplace pas autant que je le voudrais. Mais avec Thierry, on adore l’US Open, donc j’essaye d’y aller le plus souvent possible, car New-York est une destination qu’on apprécie particulièrement.

 

Verra-t-on Claire Estrella, votre personnage dans “Un si grand soleil” jouer au tennis prochainement ?

Du tennis dans “Un si grand soleil”, c’est une super idée. Mais si c’est le cas, il va falloir que je m’y remette sérieusement, que mon mari me concocte une préparation (rires). Je ne jouais plus du tout, mais j’ai retouché la raquette il y a peu car l’un de mes fils, qui joue au tennis, me l’a demandé. Quand il m’a vu frapper la balle, il m’a dit : « Mais tu joues super bien, maman ! ». C’était très mignon. Ça m’a immédiatement rappelé le plaisir que l’on éprouve, enfant, à courir après la balle en y mettant toute son énergie. S’il y a du tennis dans la série, j’aimerais beaucoup que l’on ressente l’ambiance d’un club. À l’époque où je jouais à l’AS Patton à Rennes, il y avait une vraie vie de club, une convivialité, j’aimais y passer du temps. En plus, le président recrutait de grands joueurs comme Rodolphe Gilbert ou Thierry Pham pour les interclubs, on les regardait avec beaucoup d’admiration. Parmi les comédiens qui sont à mes côtés dans la série, Fred Bianconi (également vu sans la série « Engrenages » sur Canal Plus), adore le tennis.

Propos recueillis par B. Blanchet

 

 

 

Une carrière riche sur le petit écran

Vue au cinéma dans La cérémonie de Claude Chabrol ou dans Un Baiser s’il vous plaît, une comédie signée Emmanuel Mouret, Mélanie Maudran a beaucoup travaillé pour la télévision, notamment dans les séries Sous le soleil (2001), Franck Riva (2003- 2004) aux côtés d’Alain Delon, Les secrets du Volcan (2006), Terre de Lumière (2008), Commissaire Magellan (2012 et 2018). Depuis août 2017, elle incarne Claire Estrella, le personnage principal d’Un si grand Soleil sur France 2 (du mardi au vendredi à 20 h 40), aux côtés de Gabrielle Lazure, Valérie Kaprisky, Jérémy Banster ou Fred Bianconi.

 

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