Type
Vie des clubs

Le club de ma vie : Gilles du Tennis Club de Fontenay-sur-Eure

Pour le quatrième épisode, nous partons à la rencontre de Gilles Gourdin, qui a créé un club dans les années 1960 en partant de presque rien. Aujourd’hui, le Tennis Club de Fontenay-sur-Eure est l’un des clubs les plus en vue d’Eure-et-Loir.
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Le club house est votre deuxième maison ? Vous êtes très impliqué dans la vie de votre club de tennis ou, tout simplement, vous aimez y passer du temps pour y jouer, mais pas seulement? Dans cette nouvelle rubrique, nous vous invitons à évoquer "le club de votre vie".

Gilles Gourdin
Meilleur classement : 30
Club : Tennis Club de Fontenay-Sur-Eure

 

Citation
J’ai créé un club il y a 54 ans, et ça me fait très plaisir de voir qu’il marche très bien aujourd’hui !
Auteur
Gilles Gourdin
Twitter quote
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Le club de votre vie est situé près de Chartres, et vous avez la particularité d’en être l’un des créateurs...

En effet, il s’agit du Tennis Club de Fontenay-Sur-Eure, situé dans le petit village du même nom et qui connait d’ailleurs un joli succès ! Nous l’avons créé avec des copains le 24 juillet 1966. C’était alors un simple plateau sportif scolaire dans une cuvette, entouré de millepertuis. Donc vous pouvez imaginer à quel point ça pouvait être rudimentaire : il y avait du bitume, un bac à sable qui a d’ailleurs eu son importance et sur lequel je reviendrai, et deux poteaux de tennis. Tout simplement.  

Il n’y avait même pas de filet ?

Non, juste des poteaux. Durant cet été 66, je m’y suis retrouvé avec deux amis qui aimaient et pratiquaient déjà le tennis. Je venais dans le coin en vacances, je n’y habitais pas encore. Moi qui venais du volley-ball, je n’avais jamais vraiment tenu une raquette. En les regardant faire des balles sur le goudron, ça m’a donné envie de m’y mettre moi aussi... Ce qui a été d’ailleurs l’occasion pour moi de constater que la pratique du tennis n’était pas évidente du tout. D’autant que j’ai commencé avec une vieille raquette qui appartenait à ma mère, et qui devait dater du temps des Mousquetaires (rires). Bref, nous formions alors un petit groupe qui venait jouer régulièrement sur ce carré scolaire. Puis un jour nous avons fait des lignes. Nous en avons fait un vrai court, avant donc de créer un club, à partir de presque rien.

Il ne doit pas être évident de lancer un club dans un petit village...

À l’époque, Fontenay-sur-Eure ne comptait que 364 habitants. Mais tout a bien pris. Notre petit groupe s’est mis à gonfler, nous sommes passés à quatre (on nous appelait d’ailleurs les quatre Mousquetaires), puis à cinq, ce qui nous a permis de constituer une équipe et de participer à des championnats. En 1970, année où un habitant du village sur dix était au club, nous sommes montés en première division départementale. Nous sommes allés jusqu’au championnat régional. C’est une belle histoire ! Et l’endroit est beau : nous sommes à 7 kilomètres de Chartres, sur les bords de l’Eure. Nous sommes entourés par des fontaines, un étang, une église, un centre équestre ou encore un club de golf. C’est un endroit très résidentiel où vivent de nombreuses personnes travaillant à Chartres.

Quel rôle avez-vous joué ensuite dans "votre" club, et comment celui-ci a-t-il évolué ?

J’ai été vice-président du club de la sa création jusqu’aux années 2000. J’ai cédé ma place de vice-président au moment où je suis entré au conseil municipal, car je ne voulais pas faire les deux en simultané. Mais je reste présent et me rend au club le plus souvent possible. Quant aux infrastructures, elles se sont constamment développées. Grâce notamment à l’appui du maire qui était en place dans les années 1980, nous avons pu construire deux courts Jean Becker en béton poreux. Ce maire était très sportif et il aimait le tennis. Il était même dans l’équipe du club !

Aujourd’hui, il y a toujours ces deux courts extérieurs mais aussi trois salles. Ces courts en indoor ont été construits initialement par des membres du clubs qui voulaient pouvoir jouer en hiver. Au départ, ils en étaient les propriétaires et les seuls utilisateurs. Petit à petit, ils se sont mis à louer des heures, laissant la possibilité à qui voulait d’utiliser ces terrains. Aujourd’hui, les salles appartiennent à la commune qui les met à disposition des clubs de tennis. Ils sont à un kilomètre des courts extérieurs, on peut faire le chemin à pied. Deux de ces courts indoor sont en Greenset et l’autre en terre battue synthétique, surface que nous avait conseillé l’ancien joueur et ancien coach de Yannick Noah, Patrice Hagelauer, lorsqu’il était venu à la cérémonie commémorant les 50 ans du club en 2016.

Combien avez-vous d’adhérents aujourd’hui ?

Le président en place, Jean-Yves Poirot, a redonné une dynamique au club en mettant l’accent sur les compétitions et en engageant deux moniteurs diplômés qui sont très investis. Alors que nous étions dans un petit creux lors du passage à l’an 2000 avec environ 70 licenciés, nous avons aujourd’hui 185 adhérents. L’objectif est de franchir bientôt la barre des 200. C’est plutôt très bien pour une commune de 1024 habitants ! Et nous sommes un très bon club d’Eure-et-Loir, ce qui nous permet de rivaliser avec les deux gros clubs de Chartres et de Dreux. Je peux vous garantir que le tennis est toujours en vogue ! Il ne faut pas baisser les bras, c’est le message qu’on veut passer. Ça me fait plaisir de voir que 54 ans après l’avoir créé, le club marche toujours. Je précise qu’en 54 ans, nous n’avons eu que trois présidents. C’est aussi l’une de nos forces !

Que pouvez-vous encore améliorer ?

Niveau ambiance, tout est parfait. Nous faisons beaucoup de soirées pour souder les licenciés entre eux. Cette ambiance est à son top lors du tournoi du mois de septembre, pour lequel nous avons au moins 200 inscrits. Il y a peut-être le club house qu’il faudrait agrandir. Si nous nous qualifions pour les championnats de France, il faudra certainement le faire. C’est l’objectif 2020. Peut-être que nous aurons besoin d’une aide financière pour cela…

Un aperçu des installations du club.
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Êtes-vous encore classé ?

Je ne suis plus classé depuis mes 74 ans. Mais je joue toujours.

Les amis avec qui vous étiez en 1966 sont-ils encore là ?

Ils ont quitté la région. Je suis le dernier des mousquetaires sur place (rires) !

Vous jouez à Fontenay-sur-Eure depuis plus de 50 ans, vous devez avoir un gros paquet de souvenirs !

Les meilleurs remontent peut-être au tout début, quand nous jouions des matchs par équipes sur le court qui existait alors. Il n’y avait pas de grillages, ainsi les balles perdues allaient parfois dans les millepertuis : les spectateurs nous aidaient à les retrouver ! Je vous parle aussi d’une époque où le tie-break n’avait pas encore été mis en place (ndlr : le tie-break a été instauré progressivement sur le circuit professionnel à partir de février 1970) : donc une rencontre qui débutait à 9 heures pouvait parfois ne finir qu’à 21 heures ! L’ambiance était sympa. Et en fin de journée, on s’autorisait une bonne bouteille de Vouvray ! J’ai également le souvenir d’avoir joué un match de 3h30 sous une chaleur accablante...

Et parlez-nous donc de ce fameux bac à sable !

Il était là quand nous avons créé le club sur un plateau scolaire d’éducation physique et nous l’avons gardé quelques années. Il était situé à trois ou quatre mètres derrière l’une des lignes de fond. Quand on jouait de l’autre côté, nous avions une stratégie : il fallait faire un lob. La personne lobée, en allant essayer de ramener la balle, se retrouvait souvent les pieds dans le sable et était ensuite souvent bien incapable de revenir si on enchaînait par une balle courte. C’était un peu le gag récurrent ! Mais lorsque nous sommes montés en première division, nous l’avons supprimé. Ça devenait plus sérieux et il fallait changer !

Recueilli par Julien Pichené

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