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Direction Technique Nationale

Le mot de la DTN : "Etre au plus près de l'écosystème fédéral"

A retrouver désormais chaque mois sur fft.fr, la prise de parole de la DTN. Pour ce premier épisode, Jean-François Bergeron, responsable du département des territoires à la DTN, et Hugues de Castilla, également cadre d'état au sein du même service, évoquent les missions de leur département et les actions mises en place depuis deux ans.
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Quand a été créé le département des territoires et pour quelles raisons ? Quelles sont ses missions ?

Jean-François Bergeron (à gauche sur la photo) : Le département des territoires a été créé en janvier 2018 dans le but d’initier un rapprochement entre la direction technique et les territoires. C’est une nouvelle façon de fonctionner, avec la volonté d’être beaucoup plus proche de tout l’écosystème fédéral, les clubs, les départements et les ligues. L’objectif est de garantir la mise en œuvre des priorités de la politique sportive fédérale au sein des territoires.

Nous intervenons dans différents domaines : la coordination des équipes techniques régionales (ETR), la formation des 10 ans et moins (le repérage) vers le haut niveau, avec l’ambition d’être compétitif sur le circuit Tennis Europe. Nous nous occupons également du programme d’enseignement sur les U7 - appelé Galaxie U7-, et des programmes pédagogiques qui sont à disposition des enseignants et des clubs. Depuis peu, nous nous chargeons aussi de la formation des cadres et du développement des programmes d’enseignement des clubs.

Comment procédez-vous au quotidien pour encourager la pratique du tennis ?

Hugues de Castilla (à d.) : La première étape a été une phase d’écoute et d’observation. Un tour de France a été mené à partir de janvier 2018 par Pierre Cherret, Olivier Halbout, Jean-François et moi-même. Nous avons rencontré, dans chaque territoire, les ETR accompagnées de leurs dirigeants. Nous avons pris des informations sur ce qu’ils mettaient en place en matière de repérage, de formation des jeunes, de développement sportif des clubs. Nous avons écouté leurs besoins, leurs difficultés.

Un des premiers sujets qui a vraiment émergé a été la baisse du nombre de compétiteurs chez les U12. A partir du printemps 2018, nous avons commencé à prendre des mesures pour relancer la compétition chez les U12, avec un certain succès. Nous avons notamment proposé la compétition mixte et la compétition par niveau.

Jean-François Bergeron : En parallèle, des tableaux de bord ont été mis en place pour renseigner chaque ligue sur sa situation. Nous produisons de l’information pour les territoires de manière à ce qu’ils aient une meilleure connaissance de leur positionnement présent sur les objectifs, et qu’ils soient en mesure de programmer un tableau de marche pour avancer. Nous avons repris 15% compétiteurs supplémentaires U12 sur la saison 2019 et sommes clairement dans une dynamique positive.

Hugues de Castilla : La relation CTR coordonateur – DTN a également été renforcée, avec un entretien individuel chaque été avec Pierre Cherret, mais aussi l’organisation d'un stage annuel spécifique à cette fonction. Des rendez-vous réguliers en visio-conférence ont été mis en place, tout comme une plateforme de documents partagés. Ce sont des outils du quotidien qui nous permettent de dialoguer, de nous coordonner, de construire nos actions.

Nous avons aussi participé à un autre tour de France où nous avons plus particulièrement rencontré les conseillers sportifs territoriaux (CST) qui travaillent dans les départements. L’objectif était de mesurer avec eux l’impact des changements. Si vous prenez l’exemple d’un CST qui travaillait dans l’ancienne ligue du Limousin, il se trouve désormais dans une ligue très étendue. L’organisation du travail en a été modifiée. Nous avons donc écouté et essayé d’accompagner les CTRC dans la mise en œuvre de l’organisation du travail au sein de leur ETR. La politique sportive nationale a également changé en visant plus clairement la participation aux tournois Tennis Europe dès 10 et 11 ans et en faisant émerger la notion de « projets individuels » sur les jeunes joueurs. Toute la problématique est : comment prendre en compte ces nouveautés dans son activité sans pour autant négliger les fonctions fondamentales comme le repérage et la formation des petits, l’accompagnement des clubs et la formation des enseignants ? Il y a eu beaucoup de changements et les ETR doivent digérer tout ça.

Jean-François Bergeron : Un autre point important est le rapprochement avec les clubs et notamment les enseignants. Un gros travail a été effectué sur le terrain dans le cadre du repérage et du parcours du haut niveau sur les petites catégories. Mais aussi sur la pédagogie à mettre en place avec les U7 et notamment les 3-4 ans. Des actions de formation sont mises en place dans les territoires envers les enseignants professionnels. Le suivi est assuré par les référents U10 de la DTN et les cadres techniques des différentes régions.

Notre volonté est que ces derniers se rapprochent des clubs, pour les accompagner sur leurs projets sportifs. Nous avons aussi effectué plusieurs sondages, menés par le marketing auprès des enseignants de clubs pour connaître leur vision sur les différents programmes proposés par la DTN. Un autre Tour de France est en cours, effectué par Alexandra Fusai et Vincent Bonnetain sur le programme féminin. Concernant la formation des jeunes vers le haut niveau et l’école de tennis, nous prévoyons d’aller à la rencontre des conseillers sportifs territoriaux sur deux jours en mars ou avril.

La stage national des CTR vient de se dérouler à Nice.
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Quels sont les retours sur vos activités ?
Hugues de Castilla : Pour écouter la voix des clubs, nous sommes en train de constituer un groupe de 13 enseignants professionnels, chacun étant issu d’une ligue de métropole. Chaque ligue est représentée par un enseignant, de grands ou moins grands clubs. Ces personnes seront invitées à des journées de travail avec le département des territoires sur différents sujets transverses qui concernent tous les clubs, quelle que soit leur orientation générale.

Lorsqu'une ligue ou un comité organise une réunion d’enseignants, une personne au sein du département des territoires intervient très souvent pour expliquer la politique sportive fédérale, pour écouter les projets portés par les enseignants. Les CTR nous remontent que notre travail est bien accueilli.

En janvier 2020, nous avons lancé une enquête auprès des enseignants sur l’école de tennis. A propos des valeurs de l’école de tennis, des priorités en fonction des tranches d’âges, des meilleurs moyens de fidéliser et de satisfaire les attentes des jeunes et des familles. Nous donnons la parole à ceux qui sont en contact avec les pratiquants au quotidien. Les réponses vont servir pour notre base de réflexion.

Jean-François Bergeron : Une autre méthode pour avoir des retours consiste en la veille que nous mettons en place, par exemple sur les matchs libres. La réponse donnée, ce sont les clubs qui participent : 20% des clubs ont déjà adhéré à ce dispositif. C’est aussi un moyen de savoir si nos propositions collent à la réalité du terrain.

Est-ce que vous travaillez de façon différente avec les ligues d’outre-mer ?
Hugues de Castilla : Il y a un référent national des territoires d’outre-mer, Patrick Labazuy, qui suit les cinq ligues d’outre-mer et qui est régulièrement en relation avec nous sur les outils et les méthodes. Il « importe » notre méthodologie en quelque sorte. Il s’est beaucoup déplacé avec Valérie Albaret, François Duport, Laurent De Pasquale…Nous avons des réunions spécifiques avec les CTR d’outre-mer, réunions auxquelles nous avons ajouté le CTR de Corse, qui partage certaines problématiques avec les territoires ultra-marins (effectif, insularité,…). Les travaux impliquent Pierre Cherret, Patrick Labazuy, et sont consacrés aux enjeux particuliers de leurs territoires.

Les clubs sont-ils également à la base des évolutions ?
Jean-François Bergeron : Bien sûr, le discours n’est pas que descendant. Nous pouvons construire des plans et des programmes alimentés par la créativité des enseignants dans leurs clubs que nous diffusons ensuite plus largement.

Hugues de Castilla : C’est important que ceux qui ont accumulé de l’expérience et des savoir-faire dans ce domaine puissent les partager. Comment prendre en charge des enfants de 3 ou 4 ans dans un club ? Certains clubs le font très bien, d’autres ne le font pas, d’autres s’y lancent sans savoir comment faire.  Idem avec les matchs libres. Certains se sont approprié cette nouveauté, d’autres pas encore. Il faut se servir des pionniers pour encourager les autres. Nous avons besoin des personnes à l’avant garde pour donner confiance et motiver. Car les clubs doivent se moderniser pour mieux répondre aux attentes du public d’aujourd’hui. C’est un mouvement permanent, qu’il faut sans cesse activer. Nous sommes en recherche constante d’amélioration, mais nous devons aussi rester à l’écoute pour expliquer pourquoi nous changeons.  Nous essayons de construire avec les acteurs de terrain pour atteindre des objectifs fixés par le Directeur Technique National. Dans un premier temps, notre travail est de faire en sorte que les personnes au niveau local s’approprient ces objectifs, et dans un deuxième temps de développer avec eux les moyens pour les atteindre.  Nous sommes là pour les accompagner et permettre la circulation des bonnes pratiques.

Recueilli par Emmanuel Bringuier

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