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AU CŒUR DE LA DTN - Focus sur les jeunes filles du Pôle France de Poitiers

Le Pôle France de Poitiers accueille, depuis la rentrée, une promotion de cinq jeunes filles nées en 2010/2011. Avec l’ambition de leur donner les armes pour exister au niveau international, tout en maintenant un lien avec leurs familles et leurs structures d’entraînement précédentes. Découverte.
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Entretien

Pascal Lasserre, responsable du Pôle France filles de Poitiers.

Pascal Lasserre
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« Mettre en place une philosophie plus contemporaine »

Ouvrir les portes de Poitiers à des jeunes filles représente une grande première...
Non, pas tout à fait puisque de 2007 à 2012, des filles y avaient été pensionnaires avant que l’expérience ne s’arrête. Cette volonté de les réunir à Poitiers est partie du constat que, pour le haut niveau, il fallait s’y prendre un peu plus tôt. Par ailleurs, dans ces catégories d’âge, les référents avaient créé des stages et rassemblements des meilleures joueuses qui fonctionnaient très bien. Les participantes étaient ravies de s’entraîner ensemble. Nous avons estimé que réunir cinq filles prometteuses nées en 2010/2011 constituait une forme de suite logique, de dynamique à poursuivre. Or, comme le pôle garçons existait déjà, il était plus facile de remonter un pôle féminin, puisqu’on ne partait pas de zéro, qu’on connaissait les lieux et les infrastructures. Il s’agissait de la solution la plus simple et la plus facile. 

Comment ce pôle filles fonctionne-t-il ? 
Avec Iryna Brémond, entraîneur tennis à mes côtés, et la préparatrice physique Morgane Gagnage (lire par ailleurs), nous avons décidé de mettre en place une philosophie plus contemporaine. Les filles sont pensionnaires à Poitiers mais le pôle reste ouvert aux parents. Nous avons par exemple prévu une bourse qui leur permet de venir sur place quand ils le veulent afin de passer du temps avec leurs enfants, car il est important de ne pas couper ce lien. Par ailleurs, les filles continuent leurs études via Acadomia, ce qui leur permet aussi de partir en tournois. Nous nous efforçons également de maintenir le lien avec leurs entraîneurs de clubs, de ligue, qui peuvent venir régulièrement à Poitiers, mais aussi en organisant des retours réguliers des filles dans leur structure d’origine afin de garder ce contact précieux. Nous avons analysé les qualités et les défauts des systèmes précédents : les parcours associés pouvaient créer une forme d’isolement chez certains jeunes, avec une forme de désocialisation, et le sentiment de porter sur leurs épaules un projet professionnel bien avant l’heure. Et le système d’internat classique pouvait aussi créer de l’isolement, de la solitude chez de jeunes enfants.

Quels sont vos objectifs à travers ce groupe de cinq pensionnaires ?
Nous défendons l’idée d’émulation, de progression par le groupe. Nous répétons aux filles qu’elles ne sont pas en concurrence entre elles, mais que cette concurrence consiste à “aller chercher” les Tchèques, les Italiennes ou les meilleures d’autres nations. Ce groupe réduit permet aussi d’individualiser énormément le travail. À court terme, nous souhaitons faire progresser les filles, mais aussi qu’elles restent en bonne santé. Éviter les blessures constitue une priorité. On ne veut plus faire les choses “à l’ancienne”, mais via une méthodologie plus contemporaine, d’autant que les filles vont passer de l’enfance à l’adolescence. Notre objectif à long terme est qu’elles développent un niveau de jeu de 1re série, sans forcément en avoir tout de suite le classement. De cette façon, on sera à l’heure au niveau international. L’entraînement s’accompagne de nombreux tournois pensés autour d’une programmation internationale car les filles vont jouer sur le circuit U12 puis rentrer sur le circuit U14 Tennis Europe et disputer des ITF Juniors, notamment en France car elles en ont le droit à partir de 13 ans.

Propos recueillis par B. Blanchet
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Les cinq pensionnaires du pôle filles :
Nées en 2010
Lina Mislimi (4/6, TC Saint-Louis, Ligue Grand Est)
Ninon Carpentier (3/6, Viry-Noureuil Tennis Club, Ligue Hauts-de-France)
Lison Tapin (4/6, Aillant sur Tholon TC, Ligue Bourgogne-Franche-Comté)
Elsa Goy (5/6, Passy Saint-Gervais Mont Blanc TC, Ligue Auvergne-Rhône-Alpes)

Née en 2011
Élise Lesigne (4/6, Caen TC, Ligue Normandie)


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Encadrement 

Outre Pascal Lasserre, Morgane Gagnage et Iryna Brémond interviennent respectivement en tant que préparatrice physique et entraineur tennis. Présentation.    

>> Morgane Gagnage, chargée de la préparation physique, 31 ans. 

Son parcours : « Jeune joueuse de tennis, je rêvais de devenir professionnelle. Souhaitant rester dans cet univers, je me suis orientée vers les aspects physiques et scientifiques. J’ai suivi tout mon cursus universitaire (Licence Staps Entraînement Sportif, spécialité Tennis, Master 1 - PPR Préparation Physique et Réathlétisation, Master 2 - EOPS Entraînement et Optimisation de la Performance Sportive) tout en étant entraîneur de tennis, avant d’intégrer l’académie des Hauts-de-Nîmes puis la Mouratoglou Tennis Academy. Mais je souhaitais évoluer dans une cellule performance capable de regrouper les aspects tennis, physique et mental, ce que proposait la FFT à Poitiers. » 

Ses axes de travail : « Sur l’aspect physique, il y a tout à faire. Nous partons sur une programmation annuelle qui comprend beaucoup de développement fondamental et moteur. Pour résumer, il y a énormément de motricité, d’agilité, d’entretien de la souplesse, de travail de vitesse en prenant garde à prévenir les blessures, ce qui implique d’éviter toute surcharge de travail. Nous sommes dans une phase de développement des muscles profonds, de renforcement des genoux comme des épaules. Le but est de vraiment renforcer ces filles qui restent frêles mais mesurent déjà pour certaines jusqu’à 1,75m. » 


>> Iryna Brémond, entraîneur tennis, 37 ans. 

Son parcours : « Après ma carrière de joueuse (elle fut 93e WTA en 2012, ndlr), j’ai passé mes diplômes d’entraîneur et travaillé pour une société privée : Baseline Tennis, qui n’est pas une académie car elle ne possède pas de lieu fixe. Elle propose des stages, organise des tournois et tournées de tournois. Dans ce cadre, j’enseignais aussi à des jeunes ainsi qu’à d’autres publics. Puis j’ai suivi mon mari Gérald Brémond à Poitiers, puisqu’il a pris un poste d’entraîneur au Pôle France garçons il y a un an et demi, alors qu’il travaillait auparavant à Roland-Garros. Quand j’ai su qu’un pôle filles se créait, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une bonne opportunité pour moi. Le fait d’avoir côtoyé le haut niveau ne fait pas de vous un bon coach mais j’avais envie de transmettre. »

Ses axes de travail : « Les pensionnaires restent très jeunes (11-12 ans), toutes n’ont pas encore un style de jeu défini, une filière de prédilection. Il s’agit donc de leur donner la palette la plus large afin qu’elles maîtrisent tous les coups, effets, styles de jeu, types d’appui, pour plus tard pouvoir développer leur identité, ne pas être limitées. Sur le plan mental, nous souhaitons que les filles développent leur estime de soi, qu’elles n’aient pas peur d’afficher leurs ambitions et de proposer un tennis agressif

B. B. 
Article publié le 22/09/2022