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Information Coronavirus

Benjamin Roustan, joueur et soignant

Classé 15/3, cet interne à l’hôpital Bégin de Saint-Mandé est en première ligne. Licencié au TC 12 depuis son enfance, Benjamin Roustan, 27 ans, revient sur cette période aussi intense que particulière.
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Quel est votre rôle durant cette crise sanitaire ?

Je suis interne en anesthésie à l’hôpital Bégin de Saint-Mandé, mais dès le début de la crise du Coronavirus, j’ai « basculé » en réanimation dans le même établissement. Assez vite, il a fallu faire face à un flux de patients que nous n’avions jamais connu. Pourtant, nous sommes passés de 12 à 30 lits, mais ils étaient souvent pleins. Nous avons parfois été contraints de refuser entre 10 et 15 malades par jour, ce qui n’arrive jamais en temps normal. Deux heures après le départ d’un patient, un autre arrivait dans sa chambre, c’était irréel. Malgré ces difficultés, l’ambiance dans le service était bonne, tout le personnel était motivé, faisait de son mieux.
 
Avez-vous conscience de vivre un moment « historique » ?


Même si on reste un peu dans notre bulle puisqu’à l’hôpital on vit et on parle « Covid », qu’on doit se tenir au courant des recommandations de la Sociétés Françaises d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), on se rend bien compte que le moment est particulier, on entend les informations quand on rentre à la maison. Et le taux de mortalité chez nos patients admis en « réa » (entre 30 et 40%) est malheureusement là pour nous le rappeler. La mortalité fait partie de notre quotidien, mais là c’est inhabituel. Un psychiatre et un psychologue sont d’ailleurs à la disposition des personnels soignants en cas de besoin. Dans notre service, les discussions et les contacts avec les patients sont limitées puisque la plupart sont mis en coma artificiel pendant 10-15 jours, puis intègrent un autre service quand ils vont mieux.
 

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Quel est le profil des personnes touchées par le coronavirus ?

En général pour ce virus, les patients ont en moyenne 65-70 ans, alors qu’à Saint-Mandé, « nos » patients sont plus jeunes, souvent entre 50 et 60 ans. La grande majorité est en surpoids, c’est presque systématique, avec beaucoup plus d’hommes que de femmes. Pourquoi ? On ne se l’explique pas très bien, mais on l’a remarqué très vite.

Dans quel état physique êtes-vous ?

Je remercie l’ensemble du personnel de la réanimation, les médecins, les infirmiers, les aide- soignants, les pompiers pour leur dévouement et leur bonne humeur qui a nous ont permis de garder le sourire tout au long de cette crise. Nous avons pu tenir aussi grâce à l’aide de médecins d’autres spécialités qui sont venus nous prêter main-forte en réanimation. Nous avons fait des semaines de 70 heures en moyenne avec une ou deux nuits par semaine, ce qui est plus ou moins notre rythme habituel.

Propos Recueillis par B. Blanchet

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