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Beach Tennis

Carré beach : Maïré Bray, le défi d’une vie

Dès cet été, la meilleure joueuse française de beach tennis se lance le plus grand défi de sa jeune carrière : quitter son île natale, la Réunion, pour se frotter aux meilleures pendant plusieurs mois.
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A 18 ans, elle veut se prouver qu’elle peut réaliser son rêve : vivre du beach tennis...

Maïré Bray est une jeune femme pressée. Elle attend avec impatience cet été 2022, celui qui confirmera, ou pas, que sa vie sera dédiée au beach tennis au plus haut niveau.

"J’ai déjà le sentiment d’avoir perdu du temps puisque les deux derniers étés, 2020 et 2021, je n’ai pas pu bouger de la Réunion et démarrer ce rêve d’enfant qui est de me lancer dans le beach tennis. A cause du Covid et des restrictions sanitaires, les voyages m’étaient impossibles depuis mon île. Jusque-là, ma progression était régulière. Depuis, c’est devenu plus compliqué de maintenir et d’élever mon niveau…"

Alors que pendant cette période, ses adversaires directes, Brésiliennes et Européennes, ont disputé quelques compétitions dans leur pays respectifs. Même de seconde zone, mais des compétitions quand même. Pas Maïré.

A partir de juillet et jusqu’au mois de novembre, elle quittera enfin la Réunion. Seule. Pour l’Europe d’abord. Les championnats de France et la défense de son titre ? Toujours avec Magali Garnier. Puis un BT 100 à Montauban, des tournois au Portugal et en Italie. Avant le rêve ultime au début de l’automne : le Brésil. Et des tournois, encore.

Les sponsors suivent, les parents, sans être emballés à l’idée que leur petite Maïre s’envole, sont néanmoins à fond derrière elle.

"On est toute une 'team' qui tire dans le même sens, ce qui me motive encore plus, apprécie la principale intéressée... Mais nous ferons un premier bilan en novembre. Soit j’ai intégré le Top 40 et j’ai prouvé que je pouvais devenir semi-professionnelle, soit je démarre mes études supérieures."

Maïre est prête, elle sait que c’est maintenant ou jamais.

"J’aurai les réponses à mes questions. Et notamment la plus importante. Est-ce qu’une carrière dans le beach est envisageable ?"

Jérôme Maillot, sélectionneur et entraineur de l’équipe de France, approuve l’initiative. A laquelle il apporte un regard à la fois expert et extérieur.

"Elle a le potentiel. Même si j’estime qu’elle doit encore combler des lacunes physiques. Il faut être prêt à encaisser tous ces tournois, ces déplacements. Qui ont aussi un impact psychologique et exigent de garder la tête froide. Mais la précocité n’est pas, pour moi, une question d’âge. Je trouve que c’est intelligent de se confronter au haut niveau maintenant. Il fallait, qu’à un moment, elle essaye."

FFT / AL
Maïre avec sa partenaire aux championnats de France 2021, Magali Garnier.
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Le grand saut à 18 ans

Cet été est décidément celui de toutes les émotions ! Les 18 ans en juillet, les résultats du bac au même moment et donc ce grand départ vers sa future vie rêvée.   

Pour entrer dans le Top 40, Maïre devra gagner une quinzaine de places mais ce n’est pas ce qui l’angoisse le plus.

"Rien ne sera facile. En l’occurrence, ce ne sont pas les voyages qui me font peur. Ni de me confronter aux meilleures. Mais l’éloignement de mon île et de mes proches. C’est ce qui m’effraye un peu."

Six mois sabbatiques, peut-être plus. A manger, dormir et penser beach tennis. Si les études attendront, Maïre a un peu de travail. La partie distancielle pour un diplôme d’enseignante de beach tennis.

"Cet été, qui se prolongera au moins jusqu’à l’automne est une étape charnière de ma vie. Mais si je ne fais pas le grand saut maintenant, il sera trop tard", sourit-elle.

La championne repense à la petite Maïré qu’elle était à sept ans quand elle a foulé pour la première fois du sable une raquette à la main et découvert le beach tennis.

"Au début, le beach tennis était un simple loisir pour me défouler, d’autant qu’à l’époque il n’y avait des entraîneurs que chez les adultes. Quand ils ont commencé à s’intéresser à moi, ils ont estimé qu’en bossant dur, je pourrais réussir de belles choses. Pourtant, je n’ai pas d’antécédent en sport de raquettes, ni même en sport tout court !"

Puis le déclic en 2017 : une victoire, à 13 ans, aux championnats de France jeunes en 15-16 ans. Alors qu’elle était venue juste pour se confronter aux autres.

Onze ans plus tard, elle s’offre le droit de réussir son rêve. Même si…

"Pour l’instant, bien que nous ayons accès au statut de haut niveau en beach tennis, celui-ci n’est pas reconnu comme sport olympique et donc nous bénéficions de peu d’aides. J’espère que ça viendra. En attendant, semi-pro, ce serait déjà très bien !"

En un été et même un peu plus, Maïré Bray jugera si ce rêve est accessible.

(Fabrice David)
 

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