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Le match de ma vie (3) : Renaud Vauthier

Troisième épisode du 'match de ma vie' : Renaud Vauthier, auteur de la 'perf' de sa carrière après avoir fait une drôle de découverte en allant chercher de l’eau suite à la perte du premier set 6/1...
Texte

Vous avez passé 12 tours dans un tournoi ? Ou disputé un match qui a duré 7 heures ? Ou gagné après avoir été mené 6/0 5/0 40-0 ? Dans cette nouvelle rubrique, nous vous invitons à partager vos plus belles expériences sur le court, quel qu'il soit (tennis, padel, beach...).

Troisième épisode : Renaud Vauthier, auteur de la « perf de sa vie » après avoir fait une drôle de découverte en allant chercher de l’eau suite à la perte du premier set 6/1. Il a en effet vu à ce moment-là sur le tableau que son adversaire, classé à quatre échelons au-dessus de lui, était déjà déclaré vainqueur...


Identité : Renaud Vauthier
Club : Tennis Club Saint-Pierre-du-Mont
Meilleur classement : 15/3
Année de naissance : 1976


"Ce match, si on le rejoue 100 fois, je le perds 99 fois"


Quel est le contexte du "match de votre vie" ?

C’était en 1998 à Bascons, à environ 8 kilomètres de Mont de Marsan. Lors du tournoi du club TIM Marsan, que j’avais l’habitude de faire. J’avais 22 ans et j’étais classé 15/5, ce qui était à l’époque mon meilleur classement. J’avais commencé par gagner à l’arraché contre un joueur classé 30. J’ai ensuite rejoué directement à 15/1. C’était un bon 15/1, qui avait deux ans de moins que moi et qui jouait dans le gros club de Mont de Marsan. Je crois que par la suite, il est monté deuxième série.

Vous l’aviez déjà affronté auparavant ?

Non. Je le connaissais à peine de vue. Mais j’ai tout de suite vu qu’il avait un beau tennis. Le mien était plus « rugueux » et plus limité techniquement. J’ai un coup droit et un service un peu... alambiqués dirons-nous ! Bref, je ne devais pas exister dans ce match. Il était largement favori.

renaud vauthier photo

Et au début, la logique est plutôt respectée...  

Oui, je perds facilement le premier set sur le score de 6/1. Je me battais, mais ça ne suffisait pas. Il me domine largement. Il n’y a pas de match. Je n’ai alors jamais battu un joueur classé 15/1. Je ne m’attendais pas à autre chose qu’à ce genre de score...

Mais c’est pourtant à ce moment précis que tout va changer ?

À la fin du premier set, je prends une petite pause pour aller remplir ma gourde aux toilettes. Pour y aller, je suis passé devant le tableau du tournoi. Et là, je vois que le nom de mon adversaire était entouré. Et en plus de cela, il était déjà programmé au lendemain à 17 heures pour jouer son tour suivant ! Ok, je venais de perdre le premier set 6/1, mais ça surprend ! Sur le coup je n’ai rien dit, et je me disais que le juge arbitre avait fait ça pour gagner du temps car il était tard. Mais bon, quand même...

Cela vous a donc donné un regain de motivation ?

Curieusement, les conditions sont devenues totalement différentes à partir de mon retour sur le court. La nuit est tombée brusquement. On a allumé les lumières. Il s’est mis à y avoir du vent. Et moi, j’ai totalement changé de tactique !

Qu’avez-vous fait ?
 
J’ai arrêté de frapper. Je me suis mis à faire des montées à contretemps, des amorties, des balles coupées et d’énormes ronds.

renaud vauthier suite et fin

Vous avez cherché à le faire déjouer en quelque sorte...

Je me suis alors souvenu de stratégies apprises auprès de mes différents profs. J’ai alterné les longueurs. Je jouais tout sur son revers, son point faible. Il a commencé à faire quelques fautes. Et moi je suis allé chercher toutes les balles. J’ai gagné le deuxième set, 6/3.  

"Le résultat était anormal... Ils ont dû effacer son nom pour mettre le mien à la place"

Comment votre adversaire a-t-il réagi ?

J’ai lu dans ses yeux une certaine fébrilité. Il râlait contre le vent, les balles. Malgré la fatigue, j’ai aussi gagné troisième set, 7/6. Il a terminé le match en étant très mécontent de lui, car évidemment il pensait s’imposer en deux sets sans histoires. Moi j’étais à la fois étonné et très atteint physiquement. Franchement : si on rejoue ce match 100 fois, je perds 99 fois. Le résultat était anormal. Mais c’est aussi ça qui fait le sel du tennis, quand la logique n’est pas forcément respectée.

Et vous avez donc 'obligé' le juge arbitre à faire une rature sur le tableau du coup ?

Ils ont dû effacer son nom pour mettre le mien. Je ne me suis pas énervé par rapport à ça, je n’ai fait aucune réflexion. Mais je m’en souviens qu’en revenant le lendemain, ceux qui avaient écrit le résultat à l’avance faisaient un peu profil bas. Moi j’étais cramé physiquement. Je rejouais à 15/1 et j’avais des crampes avant même que le match ne commence. J’ai été rapidement balayé.

raznud vauthier la der

Quand avez-vous commencé le tennis ?

Vers 1988, à l’âge de 12 ans. Pour les tournois, ça s’est fait un peu plus tard, vers 1990/1991. 12 ans, c’est tard pour commencer. Au début, je n’étais pas bon. Il m’a fallu un peu de temps. Je n’ai atteint mon meilleur classement, 15/3, que vers 20 ans. À ce moment-là, je faisais beaucoup de tournoi, mais aussi des matches par équipe. Au total, je jouais entre 25 et 50 matches par an.

Avez-vous joué d’autres matchs marquants ?

Un an avant ce match et cette perf à 15/1, j’ai gagné un match après avoir été mené 6/0 5-0 et 40/0. Mais c’est un souvenir moins fort, car c’était à un niveau inférieur.

Vous semblez avoir un mental d’acier !

Il m’est aussi arrivé de mener 5-0 dans le set décisif avant de perdre...

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