Type
Vie des clubs

Un président face au Covid-19

Président du TC Brunstatt depuis 23 ans, Patrice Belloy travaille à l’hôpital de Mulhouse (GHRMSA). Impliqué dans le processus de recrutement de renforts extérieurs, il a vécu la pandémie du COVID-19 de l’intérieur. Immersion.
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"Pendant 2 semaines, j’ai complètement oublié mon club, on ne voyait plus passer le temps", reconnaît Patrice Belloy. Et pour cause, le président du TC Brunstatt, qui exerce depuis 35 ans à l’hôpital de Mulhouse (le Groupe Hospitalier de la région de Mulhouse Sud-
Alsace ou GHRMSA), a subi de plein fouet la crise du coronavirus.

Spécialiste d’imagerie médicale et de radiologie, Patrice Belloy fait désormais partie des cadres de santé, chargé de l’encadrement d’équipes soignantes comme du management. Depuis 3 ans, il gère une équipe de suppléance qui doit pallier les absences (congés maternité, longues maladies, etc.), afin que chaque service puisse fonctionner normalement tout au long de l’année.

"Au début de la crise, nous avons fait appel à des renforts extérieurs. Nous avons mis des annonces sur les réseaux sociaux, en donnant mon adresse mail, qui est devenue la porte d’entrée pour ces renforts potentiels, explique le président du TC Brunstatt. J’ai reçu près de 500 messages en 15 jours : des aides-soignants, des infirmiers, des médecins, des propositions de masques de la part d’entreprises, des étudiants en médecine, des kinés. Mais aussi des personnes sans qualification médicale prêtes à venir donner un coup de main, même bénévolement."

Face au flot de propositions, une boîte commune regroupant 4 adresses a été créée. Patrice Belloy a dû effectuer un premier tri, laissant ensuite le service de Ressources humaines vérifier les diplômes et compétences des recrues potentielles.

Citation
Nous avons été submergés par les réponses. Il a parfois fallu recruter en 3-4 jours contre 3 à 4 semaines en temps normal
Auteur
Patrice Belloy
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Ces renforts sont venus de la périphérie mulhousienne, mais aussi du Morbihan, de Nantes ou de Clermont-Ferrand. Tous ne travaillent pas en continu, puisque certains interviennent par exemple 3 jours par semaine. Ce qui nécessite toute une logistique, notamment pour leur hébergement. En plus de ces volontaires, l’hôpital de Mulhouse a fait appel à la réserve sanitaire (médecins,
infirmiers-anesthésistes), dont 4 groupes ont travaillé, une semaine chacun.

Si Patrice Belloy continue de recevoir une dizaine de candidatures par jour, sa mission est surtout de sélectionner les renforts extérieurs pour "les mettre en face des besoins (…), car nous sommes mobilisés quasiment 24 heures sur 24, beaucoup d’informations circulent et il faut se montrer éactif. Notre obsession étant de pouvoir accueillir tous les patients, ce qui implique des ajustements permanents".

UN MARATHON À LA VITESSE D’UN SPRINT

Au quotidien, le président du TCB décrit une atmosphère forcément particulière. "La situation évoluait d’heure en heure, il a fallu créer des lits en permanence, une chose inimaginable il y a encore 3 mois, ajuster les moyens humains au nombre de patients. La notion de temps était complètement décalée. Je disais en rigolant que nous avions fait un marathon à la vitesse d’un sprint. Depuis le 10 avril, on a l’impression que la vague principale est passée. En tout cas, des indices nous le laissent penser", raconte cet admirateur de John McEnroe.

Forcément, le manque de moyens des hôpitaux publics a pesé : "J’ai travaillé 20 ans aux urgences, le passage de patients y a beaucoup augmenté, pas les budgets. Ces dernières années, les réformes n’ont pas augmenté les capacités d’accueil globales. Donc la situation a été difficile à gérer, mais pour être honnête, je pense que ça aurait été compliqué même avec des moyens à la hauteur. La cohésion des soignants a fait bloc, les renforts extérieurs ont apporté une énergie supplémentaire, qui nous a fait tenir. La création d’un hôpital militaire a également soulagé la filière réanimation."

Recueilli par Baptiste Blanchet

L'intégralité de l'article est à retrouver dans le Tennis Info Interactif n°502

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