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Vie des clubs

Objectifs "terres" !

La terre battue est la surface de Roland-Garros, mais aussi, historiquement, celle du tennis en France. La FFT espère que de nouveaux courts vont bientôt fleurir dans ses clubs. Voici pourquoi.
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Ah les glissades interminables, le bruit des chaussures qui crissent, l‘ocre de la terre, la sensation de douceur du rebond, les rallyes tactiques… Quelle surface autre que la terre battue peut procurer de telles sensations ? Aucune. La terre battue est la surface de Roland-Garros, de Rafael Nadal, mais aussi des amoureux du tennis.
 

Goûtez au plaisir du jeu sur terre par FFT

En France, on recense 4 963 terrains en terre battue, ce qui représente 16% du parc total des courts. Au total, 1 310 des 7956 clubs affiliés à la Fédération Française de Tennis possède un court en terre battue, intérieur ou extérieur. Ces chiffres sont paradoxaux, quand on sait combien le tennis français est attaché à cette surface, et pas seulement à cause (ou grâce) à Roland-Garros. En 1960, les terrains en terre battue représentaient 83% du parc français.

Gaël Bonnaire, responsable équipement à la Fédération Française de Tennis, explique cette baisse par "l’opération '10 000 courts' engagée dans les années 80 et qui a permis majoritairement le développement des courts en dur". Mais aujourd'hui, la FFT et ses dirigeants souhaitent avec le programme fédéral redonner toutes leurs lettres de noblesse aux courts en terre traditionnelle et aux clubs. D'abord parce que cette surface présente de nombreuses qualités.

"Les avantages de la terre sont nombreux, à commencer par le confort de jeu, le privilège que cela représente. Et c’est une surface qui permet de développer des aspects tactiques du jeu comme aucune autre surface. Il n’y a que sur terre où à la fois les qualités physiques, techniques et mentales sont mises à l’épreuve", juge Gaël Bonnaire.

Le regretté Patrice Dominguez, ancien DTN et ex capitaine de Coupe Davis, était un fervent défenseur de la surface pour des raisons techniques qu'il énumérait il y a quelques années dans les colonnes du Dauphiné.  "La terre requiert une technique complète : sur le plan technique (lift, glissades...), physique (matches plus longs, échanges plus durs...) et mental. De fait, les joueurs forts sur terre peuvent devenir d'excellents joueurs de dur. L'inverse est beaucoup plus compliqué."


Vive la terre battue ! par FFT

L'autre aspect primordial dans la volonté fédérale de promouvoir la surface, c'est bien sûr l’histoire du tennis français et le soutien des clubs affiliés. "Les clubs historiques français sont des clubs de ‘terre’, il ne faut pas l'oublier. C’est important de les mettre en valeur et que les courts en terre soient, pour eux, un réel atout", estime Gaël Bonnaire.

Lorsque l’on parle de terre battue, les nuances sont importantes. Car il y a aujourd'hui plusieurs variantes. Il existe dans la nomenclature des surfaces, une famille "terres" composée de terres traditionnelles (françaises ou locales) ou de terres artificielles (chape dure, moquette, gazon).

"Mais le dénominateur commun entre toutes les terres, c’est la brique pilée communément appelée "rouge" répartie sur l’ensemble de la surface ou revêtement, précise l’expert. En tout état de cause, qu’elles soient naturelles ou artificielles, les revêtements offrent des sensations semblables notamment en terme de glissance, rebond et vitesse."

Comment donner envie aux clubs de se doter de nouveaux courts en terre battue en transformant par exemple d’anciens courts en dur ? D'abord en faisant la chasse à quelques fausses vérités. A commencer par le prix. A la construction, la terre traditionnelle est la surface la moins chère à mettre en place. Question maintenance, l’arrosage nécessaire est une réalité, tout comme le temps utilisable de la surface, limité si les courts sont en extérieurs (effet du gel sur la chape de calcaire). Pour Gaël Bonnaire, "des solutions existent pour réduire les contraintes et les coûts comme par exemple le bâchage des courts extérieurs et la remise  en état tous les deux ans des courts couverts."

Le plaisir du jeu sur terre passera par un soutien des clubs "terres", par la promotion de la terre artificielle et par la sauvegarde de la terre traditionnelle.

"L’entretien des terres battues artificielles est moins contraignant et le temps de jeu utilisable est sensiblement plus long. C’est donc une bonne solution alternative. Mais nous devons aussi, en parallèle, soutenir les courts en terre battue traditionnelle. Car ils représentent aussi l’histoire, un label qualité de grande valeur. Nous voulons convaincre les clubs, mais aussi les collectivités, des bienfaits de la surface "Terre". Nous sommes à la fois dans un objectif de sauvegarde et de développement."

L'objectif terres est donc lancé. En attendant les premiers résultats, la surface ocre va bénéficier pendant les semaines à venir de la meilleure promotion du monde…

Lire auss i: Hubert Picquier : "La terre battue c’est une culture, une histoire"

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