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Roland-Garros
Roland-Garros 2023

Du rêve à la réalité - Le récit de Rémi Tricault, prix Gérard du Peloux 2023

Le vainqueur du prix Gérard du Peloux 2023 fait le récit de son Roland-Garros au sein des équipes du site officiel, en tant que rédacteur.
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Allo Rémi ? Bon… Félicitations ! Tu vas à Roland-Garros !” Mais non ? Vraiment ? Quand Jean-Philippe Goron, mon responsable pédagogique à l’ESJ de Lille, m’a appelé pour m’annoncer la bonne nouvelle, j’avoue avoir mis un peu de temps à réaliser avant de sauter au plafond. Aïe. Premier mal de crâne.
 
L’aventure avait débuté un 16 novembre avec la visite du Centre National d'Entraînement, cornaquée par celle qui deviendra par la suite ma référente attitrée, Sylvie Poulain De Ligt. Au sein du temple de la performance du tennis français, mes camarades et moi-même ressemblions davantage à une classe de maternelle qu’à une promotion d’étudiants en journalisme.

T’as vu ? Il y a Mansour Bahrami au leg-press !”, “C’est Nicolas Mahut là-bas sur le vélo ? Oui oui je crois que c’est lui !” Une journée de rêve, ponctuée par un repas avec Gilles Moretton à la brasserie des Mousquetaires, au cœur du Philippe-Chatrier. J’étais alors loin, très loin, d’imaginer vivre ce genre d’émotions à nouveau, six mois plus tard.
 
Je tiens dès maintenant à remercier l’Iris Tennis Club de Lambersart et ses grosses boîtes en carton remplies de balles usées, installées au fond du couloir, dans le coin à droite juste après les toilettes. Grâce à elles, mon idée d’écrire sur l’Opération Balle Jaune fut couronnée de succès. Retenu par la Fédération, mon article eco-friendly m'a offert le prix du Peloux et, surtout, m’a ouvert comme par miracle les portes de Roland-Garros. Vive le recyclage !

Sport individuel mais travail d’équipe

14 emails, 13 SMS et 6 échanges téléphoniques avec Sylvie plus tard (statistiques fournies par Infosys), me voilà devant les bureaux de la Fédération de Tennis rue Escudier, rejoignant ma guide pour récupérer mon accréditation. Cette petite carte ne quittera alors plus mon cou de la quinzaine et pendouillera encore longtemps quelque part dans ma chambre.

Grâce à elle, j’avais librement accès à l'entièreté des courts du stade, aux tribunes de presse, aux salles de conférence… Mon sésame m’offrait également de quoi manger à la supérette des accréditées (et de profiter des muffins au chocolat). Le premier jour se résuma à une visite des lieux en compagnie de Sylvie, un café sur la place des Mousquetaires et une présentation des équipes que j’allais accompagner durant le tournoi. Jean-Baptiste Baretta, responsable du contenu à la Fédération Française de tennis, me fit rencontrer la rédaction de fft.fr et de rolandgarros.com, les services photos et vidéos, le pôle en charge des réseaux sociaux… J’ignorais jusqu'alors le nombre impressionnant de “petites mains” œuvrant autour de la communication du Majeur parisien.
 
Ma place m'attendait déjà. Un bureau juste à côté de Jean-Baptiste, où trônait l’ordinateur sur lequel j’allais taper 40 articles en dix jours (j’étais libéré les week-ends) pour le site et l'application de Roland-Garros. Récaps de match, previews, programme du lendemain (ma marque de fabrique), papiers "anglés"… Il y avait du travail.

Heureusement, j’intégrais une team de winners. Romain “professeur” Vinot relisait et corrigeait les articles de tout le monde. Marion “Kokkinakis” Theissen assurait le direct du jour et le tableau Velleda. Sylvain “Urios” Cazaux gérait la partie photo et vidéo. A défaut d’avoir un prénom original, Rémi “focaccia” Bourrieres magnifiait les papiers par son talent d’écriture. Je retrouvais également deux anciens de l’ESJ, Naël Makhzoum et Marius Veillerot, lauréat du Peloux l’année dernière.

Un article sur les finalistes juniors signé Rémi.
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Noah, Hollande et Djokovic

Au fil de cette édition spéciale Yannick Noah - ce qui m’a d’ailleurs valu un superbe tee-shirt “1983” - j’ai eu l’opportunité de raconter les exploits de Swiatek, de présenter les enjeux du quart de finale Djokovic - Khachanov, d’amener un peu de lumière sur les finalistes juniors, de narrer l’épopée fantastique d’Elina Svitolina…

Le regard plongé dans mes lignes, je n'ai pas oublié pour autant de relever la tête et de réaliser, sans jamais vraiment y parvenir, où je me trouvais. Tantôt dans la fosse des photographes sous le Chatrier à quelques mètres seulement d’Alexander Zverev, tantôt au cœur du brûlant court 14, étouffant de chaleur devant les prouesses de Lucas Pouille. Quel pied ! Et ce malgré l’abrutissant soleil qui n’a pas décliné de toute la quinzaine. Outch. Second mal de tête.
 
On pourrait croire qu’à force, on s’habitue à côtoyer toutes ces stars. Qu’au bout de deux semaines, croiser Amélie Mauresmo ou Fabio Fognini par hasard dans les allées de "Roland" n'est plus si surprenant. Que tomber nez à nez avec Mary Pierce à la sortie d’un ascenseur, serrer la main de François Hollande lors d’une remise de prix ou tenir la porte à Justine Henin relève du train-train quotidien. Pourtant, il n’en est rien. J’écris ces dernières lignes depuis la tribune de presse du Philippe-Chatrier, alors que Novak Djokovic attend de recevoir son 23e trophée du Grand Chelem. Une finale le jour de mes 24 ans, on a vu pire comme cadeau, non ?

Je profite donc de ces derniers moments en compagnie de l’ocre parisien. Mais il me faudra bien descendre de ce 3e étage, et du petit nuage sur lequel j’étais perché depuis deux semaines. Comme dirait Rémi Bourrières, “c’est fini Michel”. Mais Roland-Garros ne se termine jamais vraiment. Dans la peau du spectateur ou du journaliste, je reviendrai l’année prochaine. Et si je ne peux pas ? Alors je reviendrai l’année suivante. Un peu d’opiniâtreté ! C’est l’esprit de la maison.
 
Rémi Tricault
 

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