La passion du tennis a toujours été un fil rouge dans la vie dense de Nicolas Fraisse. Au gré des déménagements qui l’ont jalonnée, avec des parents expatriés lorsqu’il était enfant, puis pour ses études et ses activités professionnelles, le quadragénaire n’a jamais lâché le morceau, cherchant inlassablement un club où pratiquer dès qu’il posait ses valises.
"J’ai découvert le tennis très jeune, lorsqu’on était en Indonésie, se souvient-il. Mais c’est plus tard, vers 14 ans, que je me suis mis à vraiment jouer. On est revenu en France et j’ai ensuite beaucoup bougé pour mes études. À chaque fois, j’essayais de trouver des clubs de terre battue, ma surface préférée."
"Aider les gamins, c’est ce qui me motive"
Arrivé à Mayotte en 2009, ce grand amoureux de la nature, enseignant mais aussi photographe ou encore entrepreneur, a alors atterri au TC Koropa, point de départ de son engagement :
"Je ne viens pas d’une famille qui était dans l’associatif, mais je m’y suis retrouvé par envie de faire avancer les choses. Il y avait beaucoup de turn-over au club et je trouvais qu’on ne s’occupait pas assez des jeunes du quartier. Le site a beau être paradisiaque, le club est dans un quartier prioritaire. J’habitais alors dans le quartier, je proposais aux jeunes d’essayer le tennis et, petit à petit, j’ai réussi à les intégrer. Je suis devenu vice-président en 2015, puis président en 2017. On a ensuite commencé à travailler avec Fête le mur et, en parallèle, on a également lancé les cours pour adultes qui ont cartonné. C’est comme ça que le club s’est développé."
Pour le comité, Nicolas Fraisse s’est lancé l’an dernier avec cette idée de faire bouger les choses dans un contexte difficile : l’isolement de Mayotte qui, malgré son statut de département et région d’Outre-mer, dépend de la ligue de La Réunion située à 1 500 kilomètres, la pauvreté d’une grande partie des habitants, les délais d’approvisionnement, et enfin les drames humanitaires (choléra, covid) qui ont touché l’île ces dernières années, notamment le tout récent cyclone Chido :
"J’ai été élu un mois avant. Les clubs ont été ravagés, on a perdu tous les éclairages, les trois-quarts des grillages sont tombés. Cette année, mon plus gros boulot a donc été d’œuvrer auprès de la Fédération. On a obtenu 200 000 euros de grillages et d’éclairages. C’est top, mais ça prend du temps et c’est long pour les adhérents."
Dans l’absolu, Nicolas Fraisse aimerait désormais pouvoir faire venir un BE à l’année pour le comité, qui se déplacerait dans la dizaine de clubs de l’île. Alors que le comité est basé à son adresse, faute de local, il rêve même de pistes de padel, dont la pratique n’est toujours pas accessible à Mayotte. Joueur assidu, l’actuel 15/5 garde en tête ce qu’il a réussi à faire au TC Koropa auprès des enfants, son moteur pour avancer :
"Aider les gamins, c’est ce qui me motive. Il y en a un dont on s’est occupé pendant huit ans, qui est parti en métropole, est entré dans l’armée et a fait le tour du monde sur le Charles-de-Gaulle. Le gamin, il a refait sa vie grâce à nous. Il était monté 15. Ce n’est pas un niveau de folie, mais plutôt que de former un champion, je préfère avoir 10 gamins comme ça, passionnés de tennis, et qui s’en sortent dans la vie car on leur a ouvert l’esprit et quelques portes."









