Déjà vainqueur cette année du tournoi international de l'Open 10-12, le gaucher Thiago Carmasol (15, Ligue de Normandie) a conquis un nouveau trophée de prestige, celui de champion de France 11-12 ans. Au stade Roland-Garros, il a battu Anatole Lecomte (15, Ligue Auvergne-Rhône-Alpes) au terme d'une superbe finale.
Ils avaient prévenu la veille, après leur demi-finale. "Demain, ça peut durer", avaient annoncé de concert Thiago Carmasol et Anatole Lecomte. Qui se connaissent trop bien pour se tromper.
De fait, la finale de ces championnats de France 11-12 ans a dépassé les 2h30 de jeu sur le court 14 de Roland-Garros, baigné d'une atmosphère estivale idéale pour un grand match. Devant un nombreux public enthousiaste, avec la présence de scolaires qui ont encouragé tour à tour les deux finalistes, Thiago a pris sa revanche sur Anatole, qui l'avait battu 7/6 au 3e set lors de leur dernier affrontement en finale de la consolante du tournoi international du Passagespoirs d'Agen.
Le titre national est revenu au gaucher normand, vainqueur 3/6, 6/3, 6/4 dans un match plein de rebondissements. Plus agressif et un soupçon plus créatif, Thiago a eu le dernier mot face au sens tactique très développé et à l'époustouflant jeu de jambes d'Anatole, qui a dû avaler un nombre de kilomètres incroyable dans ce match où il a compté un break d'avance au 3e set. "J'étais soulagé qu'il n'aille pas chercher ma dernière attaque de coup droit", souriait le vainqueur, comme pour dire combien son adversaire lui a rendu la vie dure en défendant comme un beau "petit diable".
Les deux joueurs avaient bien mérité, à la fin, les longs applaudissements des spectateurs.
Avec sa superbe coupe afro, Thiago Carmasol a déjà un look. Né le 21 janvier 2013, le "gamin" de Normandie se forge aussi un palmarès. Après sa victoire lors du prestigieux tournoi international de l'Open 10-12 du TCBB, le voilà donc champion de France 11-12 ans 2025. Le joueur de l'USO Mondeville, qui a fait ses débuts au TC Louvigny avec comme premier enseignant Fabrice Libin, était évidemment aux anges après sa victoire. Mais il a tenu d'abord à rendre hommage à son adversaire.
"Anatole est un super joueur, qui m'oblige à donner le meilleur de moi-même. Je suis très heureux de gagner comme ça, au mental. L'ambiance ? Je n'avais jamais connu ça, les 'Thiago Thiago' des enfants, ça fait super plaisir."
Repéré dans sa ligue de Normandie par le conseiller sportif territorial Mathieu Féret, Thiago s'en est allé vers un club du Calvados à la structure plus étoffée, l'USO Mondeville. Il s'entraîne aujourd'hui presque comme un "pro" dans son club, avec Jean-Christophe Savary pour la partie physique, et Bruno Jacquottet et Mathieu Feret pour la partie tennis.
Bruno Jacquottet, justement, a apprécié la victoire de son joueur, même s'il aurait aimé que les schémas offensifs de Thiago arrivent plus tôt dans le match. "Je suis super fier de lui. Les deux méritent les honneurs. C'était un scénario incroyable. Je trouve que Thiago a longtemps trop joué dans la filière d'Anatole. Mais il y a la réalité émotionnelle du match, qui brouille les choix tactiques. Sa victoire est plus mentale que tactique."
© Marine Andrieux / FFT
Le trophée du vainqueur est pour Thiago (à g.), celui du finaliste pour Anatole (à d.), mais les deux garçons méritent des louanges après cette superbe finale des 11-12 ans.
Issu d'une famille sportive, avec un papa (d'origine guadeloupéenne), qui a joué au niveau régional 1 au foot, avec aussi une maman qui a pratiqué l'athlétisme à un bon niveau, Thiago à l'âme d'un compétiteur.
"Il est venu au tennis un peu par hasard, le foot ne lui a pas trop plu, et dans notre village, l'autre club sportif était le TC Louvigny", raconte son père Sylvio. "Petit, il jouait au tennis... à la console, se souvient sa mère. "Il regarde tout, il lit tout, on est venu de Normandie pour rester deux jours à suivre le tournoi de Roland-Garros, s'amuse le papa. Il dissèque le jeu des meilleurs presque tout le temps." "La victoire d'Alcaraz l'a inspiré, il a même dit pendant la finale quand il était mené 'Allez, à la Alcaraz'", constate la maman Aurélie. C'est un vrai passionné. C'est lui qui nous a fait découvrir le tennis !"
Le portrait vidéo
Déjà plutôt à l'aise face aux médias, Thiago n'hésite pas à formaliser des rêves de joueur plutôt ambitieux.
"Je veux battre le record de Grand Chelem de Novak Djokovic et je veux gagner les quatre tournois majeurs la même année", assure-t-il avec un sourire malicieux. Le route, il le sait, est encore très longue, mais ce jeune garçon affiche la couleur. "Ma coupe de cheveux ? Elle correspond bien à ma personnalité, je tiens à la garder. J'aime les jeux flamboyants", conclut ce fan de Carlos Alcaraz.