Comment jouer plus agressif ? Les 5 conseils de Benjamin Bonzi
1/ Jouez plus vite
Ça va sans doute sans dire, mais ça va quand même mieux en le disant : jouer plus agressif, ça ne veut pas forcément dire jouer plus fort ; ça veut dire, surtout, jouer plus vite.
"Ça a été mon constat avec le haut niveau actuel : tout le monde joue très bien du fond de court donc pour réussir à créer des différences, il faut mettre l'adversaire sous pression en gagnant du temps sur lui, résume Benjamin Bonzi. Pour cela, il faut être capable de prendre la balle plus tôt, ce qui signifie être capable de s'organiser très vite au niveau des jambes, des épaules et du geste quand on reçoit la balle : il faut bien avoir à l'esprit que chaque dixième de seconde qu'on peut gagner dans l'organisation, c'est déjà ça de gagné sur l'adversaire."
Sans confondre vitesse et précipitation, principal écueil de l'exercice, il ne faut donc surtout pas sous-estimer l'importance de la prise de balle la plus précoce possible. Bien avant de chercher à jouer plus fort ou plus près des lignes, c'est cet objectif-là que vous devez principalement avoir en tête dans le but de développer un jeu plus agressif.
2/ Travaillez l'œil et l'explosivité
Comme le dit Benjamin, jouer plus vite requiert d'être capable de s'organiser plus vite. Donc avant même de parler technique, il s'agit de développer les qualités physiologiques adéquates.
"Hors terrain, il faut travailler l'explosivité des jambes pour être capable de jaillir sur les deux premiers pas qui sont très importants, ainsi que sur le dégagement arrière, développe le Nîmois, qui a percé cet été le mur du top 50 pour la première fois de sa carrière. Après, il faut également travailler l'œil sur le terrain pour améliorer sa capacité à percevoir la balle tôt tout en travaillant sur sa vitesse de réaction et sur sa qualité de coordination. C'est important d'être très coordonné car on sait qu'au tennis, si l'on décale son timing d'une fraction de seconde, le coup est raté."
Surtout s'il s'agit d'un coup d'attaque, en effet.
Et le protégé de Lionel Zimbler (pour le tennis) et Ralph Boghossian (pour le physique) de citer quelques exercices adaptés : "Vous pouvez par exemple vous positionner près de votre entraîneur – à environ 1 m ou 1,50 m - et travailler des enchaînements de lancer de balle rapides avant/arrière. Vous pouvez aussi utiliser des balles de couleurs différentes afin qu'ils les lancent simultanément en vous donnant pour consigne de les rattraper selon un ordre de couleur préétabli. Ce sont des exercices simples mais qu'il faut être capable de bien faire."
3/ Soyez plus intense, pour vous et pour l'adversaire
Benjamin Bonzi le dit souvent : là où il a le plus progressé ces dernières saisons, c'est dans sa capacité à maintenir plus longtemps une haute intensité, à la fois sur le plan de l'engagement physique et de la concentration.
Ce travail qu'il a su faire au plus haut niveau, le Nîmois le recommande à tous les étages : "Le premier conseil que je donnerais à un joueur amateur pour développer un tennis plus agressif, c'est d'augmenter son intensité sur le court, insiste-t-il. Jusqu'au début de 2eme série, peu de joueurs tentent de créer de vraies différences sur les prises de balle donc ça peut être très intéressant de le faire pour surprendre l'adversaire. Pour cela, il faut essayer de créer des changements de rythme brutaux qui vont le surprendre parce qu'il n'y est pas habitué. Il faut aussi jouer avec l'idée de le faire jouer sans cesse en mouvement, le forcer à bouger avant chacune de ses frappes."
Jouer avec de telles intentions requiert de sortir soi-même de sa propre zone de confort, ce qui pompe de l'énergie, physiquement et mentalement. A vous d'augmenter votre niveau d'intensité pour vous mettre au niveau de votre ambition.
4/ Acceptez de rater davantage
A moins d'être un génie, c'est inévitable, surtout au début. Jouer plus agressif, c'est prendre plus de risques, donc faire plus de fautes. Ce qui est contraire à la philosophie naturelle du joueur plutôt contreur ou défenseur.
"Quand on veut jouer plus vite, on n'est pas toujours dans le bon timing donc pas forcément à l'aise avec ce que l'on veut produire, reconnaît celui qui a honoré en 2022 ses premiers galons de joueur de Coupe Davis. Alors oui, effectivement, les fautes seront plus nombreuses. Il faut l'accepter et prendre le temps que les choses se mettent en place petit à petit. C'est parfois frustrant parce qu'on a toujours l'impression que l'on peut faire mieux sur un terrain de tennis. Mais il faut savoir se contenter des petits pourcentages de progrès que l'on arrive à "gratter" jour après jour."
Quitte à se détacher du résultat sur certains matches, notamment à l'entraînement, même s'il est bien difficile de mettre totalement sa casquette de compétiteur de côté. Si le fait d'intégrer petit à petit en match des choses travaillées en séances peut faire peur au début, c'est un investissement qui devrait rapporter gros à moyen et long terme.
5/ Mettez la technique et le matériel au diapason
Jouer agressif, on l'aura compris, est avant tout une question d'état d'esprit, avec des qualités physiques et mentales en rapport. Mais évidemment, la partie purement technique, derrière, doit suivre. Jouer plus vite, ou plus fort, ou plus près des lignes, demande aussi une plus grande justesse technique.
C'est en pratiquant que chacun verra vers où prioriser ses progrès. Benjamin, lui, explique avoir fait un travail au niveau du "passage des mains et des poignets, afin que la gestuelle soit plus fluide et pour gagner en relâchement". Mais il revient vers un basique qui devrait servir à tout le monde : aller vite. "L'organisation des épaules et de la mise à niveau doit se faire très vite. C'est toujours utile de travailler ça."
La technique, ne l'oublions pas, inclut le matériel. Adopter un style de jeu différent nécessite peut-être (sans doute) d'adopter un matériel différent, que ce soit au niveau de la raquette ou du cordage.
"La Bonz", lui, a fait les deux. "J'ai changé de raquette et de cordage il y a deux ans. J'ai opté pour un modèle de raquette avec plus d'inertie et plus de profilage pour une meilleure pénétration dans l'air. Quant au cordage, j'ai changé sur les montants pour une corde avec plus de flexibilité et de nervosité. Et ce toujours dans un même souci : que la balle sorte mieux de la raquette."
Là-dessus, à chacun de faire ses propres tests, selon ses caractéristiques et ses sensations. Mais ne faites pas l'économie d'une réflexion sur ce plan.
(Recueilli par Rémi Bourrières)
