Fauchée l'an dernier par une blessure alors qu'elle était en pleine ascension, Loïs Boisson va connaître son premier Roland-Garros. Et vu son talent sur terre battue, elle pourrait bien y faire des étincelles.
On aurait aimé écrire cet article il y a un an mais le destin joue parfois des tours pendables. Il y a douze mois, alors qu'elle venait de remporter le plus beau titre de sa carrière (le WTA 125 de Saint-Malo), qu'elle empilait les victoires (23 succès en 24 matchs) et qu'elle semblait lancée vers une belle aventure à Roland-Garros, Loïs Boisson s'écroule, fauchée par une blessure au ligament croisé au 1er tour du Trophée Clarins, à quelques jours de "Roland".
Commence alors une longue pause contrainte et forcée. La Française passe par la case opération et ronge son frein en attendant de reprendre la raquette. Une période "très dure à accepter avec des premiers mois très compliqués" admet la licenciée au TC Nice Giordan. "Mais j'étais bien entourée par mes proches".
"Tu joues bien, tu vois ton premier Roland-Garros arriver et... Tout s'effondre d'un coup, souffle son entraineur depuis plusieurs années, Florian Reynet. Ce n'était pas simple, surtout au début. Les premières semaines sont très difficiles. Mais elle a su se remobiliser, basculer vite sur la rééducation, se fixer des petites échéances toutes les semaines pour rebondir le plus vite possible".
Loïs ne joue pas le moindre match pendant neuf mois mais repart à l'entraînement au bout de six. "J'ai voulu reprendre en étant 100% prête, explique-t-elle. Et maintenant, ça évolue dans le bon sens." La preuve en chiffres : après quelques balbutiements lors des premiers tournois de l'année, la Française de 23 ans a monté le curseur rapidement, atteignant une finale en ITF avant de triompher au W75 de Saint-Gaudens début mai. Une belle dynamique qui a convaincu la Fédération de lui accorder une wild-card en dépit de son classement (361e).
Un match "comme un autre". Vraiment ?
Joueuse puissante mais au jeu varié, capable de lifter en puissance comme de slicer ou de déposer des amorties, Loïs a un jeu taillé pour la terre battue. "Clairement si tu sais varier les hauteurs, mettre de l'effet, bien te déplacer, varier entre puissance et effets... Tu as tous les atouts sur cette surface, analyse Florian Reynet. En plus, c'est une fille super disciplinée, rigoureuse, travailleuse".
Mais ce premier "Roland", synonyme de baptême du feu en Grand Chelem - et devant son public en plus - comporte forcément une part d'inconnu(es). D'autant que le tirage au sort lui réservé un 1er tour corsé face à la Belge Elise Mertens, tête de série n°24 du tournoi.
"C'est impossible de savoir comment elle va réagir au début du match, on ne peut pas anticiper ses émotions, relève son entraîneur. Le court 14 est relativement grand, on verra comment elle appréhende ça aussi. L'important, c'est qu'elle prenne ce match comme un autre et qu'elle tente d'imposer son jeu. Elle a joué des joueuses fortes et sait qu'elle peut rivaliser avec le haut niveau, même si elle n'a encore jamais joué de top 30".
Sa protégée confirme : "Je vais essayer d'aborder de match comme tous les autres même si ça représente beaucoup, un premier tableau en Chelem. J'ai vraiment envie de jouer, de profiter du public. C'est juste top d'être à "Roland". Je vais savourer et donner le max'".