Patrick Vergnes : "Des échanges d’une grande richesse"

Pouvez-vous décrire votre mission au sein de la FFT ?

Depuis six mois, je suis chargé d’assurer le lien entre la Direction technique nationale (DTN) et les territoires. Plus spécifiquement, j’assure la mise en place, le suivi de la politique sportive au sein des territoires, l’animation des ETR (missions, séminaires, groupes de réflexion…), la communication (DT News, e-mag, Teams…).

J’ai aussi un rôle de management. J’ai ainsi quatre personnes qui m’aident dans ma mission : Laurent Storai chargé de la coordination avec les ligues d’Outre-mer, Jean-Marc Duboscq coordinateur de l’entraînement physique des U14 dans tous les territoires, Jean-François Blanco chargé de coordonner les contenus pédagogiques U14 (diffusés notamment par le LIFT) et François Duport, coordinateur enseignement et compétition.
J’ai également un rôle de manager auprès des CTR fédéraux. Nous travaillons en lien permanent avec le département de la formation des U14 de la DTN dirigé par Olivier Soulès, Cédric Raynaud et Laurent De Pasquale (U10). Ils sont au contact des équipes régionales.

Nous travaillons, également, de manière transversale avec le LIFT et le PCPT.

La tournée dans les territoires vous permet d’animer un atelier sur le haut niveau. Pouvez-vous le décrire ?

Nous nous sommes rendus déjà dans sept ligues et la tournée va durer jusqu’à mai 2022. Le président Gilles Moretton avait annoncé dans son programme qu’il souhaitait aller à la rencontre des clubs. Cette tournée est faite pour ça. Ces journées sont d’abord des journées d’échange avec l’ensemble de l’écosystème des clubs, les présidents, les licenciés, les enseignants, les parents…

Il y a trois ateliers : la formation des enseignants, animé par Pierre Cherret, la vie des clubs, animé par Daniel Courcol, et celui de la DTN et du haut niveau animé par Nicolas Escudé et moi-même. La spécificité de notre atelier est la présence de deux ambassadeurs, qui sont des ancien(ne)s joueur(ses) de très haut niveau. Ainsi, ce mardi 9 novembre, nous étions à Talence en présence de Guy Forget et Nathalie Dechy.

Nous diffusons quatre messages forts pendant cet atelier, dont le but est évidemment d’échanger, de diffuser mais aussi d’obtenir des remontées d’information sur la formation du joueur. Les données nous permettront on l’espère de nous améliorer et d’offrir des solutions aux clubs. Les messages forts sont :

1) Le rôle fondateur du club. Les ambassadeurs décrivent souvent le club comme « leur deuxième maison » pendant leur apprentissage notamment. Le rôle social, éducatif et sportif du club est donc particulièrement mis en avant.

2) En fonction de la taille du club, de ses infrastructures, de ses moyens, on doit définir une politique sportive cohérente en lien avec la pratique ; on doit obtenir des écoles de tennis « modernes » ; on a pour objectif de fidéliser davantage nos jeunes, sur la 3e année notamment où l'on a trop de déperdition (1 enfant sur deux) ; la notion de progrès, de confrontation (matchs) est essentielle pour fidéliser.

3) Densification du nombre de jeunes (des filles en particulier). Dès lors qu’un club met en place une politique sportive, la mission des ETR sera de renforcer leur présence sur le terrain pour assurer la détection pour sur les 7-14 ans, et d’assurer in fine une sélection pour les pôles nationaux. C’est ce travail conjoint de définition de politique sportive dans les clubs et de détection par les ETR qui vont densifier le volume de jeunes « éligibles » à l’accession au haut niveau.

4/ Progrès avant résultats. Dès que la détection est effectuée, il est capital d’effectuer un travail sur la formation de ces jeunes, de s’assurer de l’exigence de celle-ci sur la technique, le physique, la tactique, le mental, (le volume d’entrainement)… dans un but de ne pas avoir de blocage dans l’évolution / progression future en acceptant de ne pas avoir de résultats immédiats.

Quel premier bilan faites-vous de ces échanges ?

Ils sont extrêmement riches. Déjà ce que l’on peut dire c’est que la présence des ambassadeurs crée encore davantage de lien. Ils captent l’attention de leur auditoire. Ça n’a pas de prix car ils sont l’exemple vivant que l’apprentissage en club fonctionne.

Les messages forts que l’on reçoit des clubs, c’est d’abord leur difficulté à fidéliser les jeunes. Il faut qu’on les aide dans ce sens. Ce qui fonctionnait autrefois n’est plus pertinent. La fidélisation passe notamment par la notion de progrès, de match, de pratique libre au sein du club, d’une école de tennis moderne sur une année et non plus 30 semaines. Quand les jeunes auront mordu, individuellement ou familialement, ça fonctionnera. A nous de trouver les clés pour susciter cela.

Le deuxième message que l’on a reçu, c’est le questionnement des enseignants : quels sont les objectifs éducatifs et sportifs de mon club ? On a par exemple seulement 20% de nos clubs qui envoient des jeunes lors des journées de repérage, animation. On doit faire mieux évidemment en développant des indicateurs sportifs au sein des clubs par le biais d’une politique sportive définie entre le binôme président/enseignant et un rapprochement avec les Equipes Techniques Régionales.

On nous demande aussi des solutions pour « libérer » la compétition, comme les matchs de simple mixte par exemple (U10 terrain Orange et U12 terrain vert actuellement). Nous en profitons aussi pour faire passer des messages auprès des parents, leur rôle, les valeurs à développer et la notion de progressivité avant d’évoquer les volumes de jeu nécessaires pour permettre à un enfant de progresser.

Ces ateliers se poursuivent toujours par un « clinic » auquel tout le monde participe, y compris Gilles Moretton. Les clubs, les enfants, tous sont ravis ! Avant de clôturer la journée par le verre de l’amitié.

J’attends avec impatience les prochains rendez-vous de cette tournée des territoires, fixés prochainement en Île-de-France notamment. On apprend à chacune d’entre elles.