"Le stade Roland-Garros nous avait manqué"
Comme un symbole, c’est pile le jour du solstice d’été que les championnats de France individuels ont pu fêter leur grand retour à "Roland".
Délocalisés depuis 2015, les "France" individuels seniors se déroulent à nouveau sur la terre battue parisienne. Dès ce mardi 21 juin, sous un ciel de plus en plus ensoleillé, les 75 et 80 ans ont fait leur entrée en lice dans la compétition.
L’occasion pour les participants de retrouver des amis mais aussi leurs marques, dans un stade transfiguré par les travaux des six dernières années. "Je suis parfois perdue, confie Marie-Jeanne Marty. Je regrette un peu les anciens vestiaires, plus bucoliques, mais le nouveau stade est une grande réussite. Je suis impatiente de voir le court des Serres".
Deux fois titrée, (elle a remporté le titre en 75 ans dames au stade Roland-Garros avant la délocalisation avant de décrocher le dernier au Touquet dans la catégorie 80), la licenciée du CAP Périgueux est ravie de jouer à nouveau dans le temple du tennis français.
"Je me rappelle des années, quand nous débarquions de nos campagnes à Paris, et qu'on voyait pour la première fois l’affichage électronique sur les courts. Roland-Garros représente tellement de souvenirs".
Des souvenirs, Henri Crutchet en a aussi à la pelle. Impossible d'interviewer la légende de Bayonne sans qu'un spectateur ou joueur vienne lui poser des questions sur son improbable palmarès.
Car celui qui a pratiqué la pelote basque (multiple champion de France dans différentes catégories), qui a été international militaire de rugby (il a même joué centre à Montferrand), et tenté des incursions dans l’athlétisme ou le football, a été... 20 fois champion de France de tennis en simple !
"Impatient de revenir"
Après avoir pris une raquette sur le tard, à 27 ans, il a progressé petit à petit, et peut se targuer d'avoir battu des joueurs comme Jean Borotra ou encore Nicola Pietrangeli.
Du haut de ses 91 printemps, dans une catégorie 80 ans où certains joueurs ont une décennie de moins que lui, il continue d'être performant et de se régaler lorsqu'il est sur un court... Encore plus à "Roland".
"J’attendais de revenir à Roland-Garros avec beaucoup d'impatience, souligne-t-il. À chaque fois, je me dis que c’est une opportunité extraordinaire de jouer ici. On vit notre propre histoire à côté de la grande Histoire".
Parmi les personnalités des championnats, on retrouve aussi les époux Galey. Michel, ancien entraîneur national, champion de France 2011, classé -30 à son meilleur niveau ; et Marie-Dominique, actuellement numéro 15 ITF mondial de sa catégorie.
Fiers membres du Biarritz Olympique, mari et femme se déplacent en camping-car toute l’année pour des tournois ITF seniors en Espagne, France et Croatie. Mais c'est du côté de la Porte d'Auteuil qu'ils préfèrent garer leur nouveau véhicule.
"Les anciens ont connu notre vieux camping-car tagué avec des gros autocollants couleur terre battue de Roland-Garros, rit Marie-Dominique. Le club du Touquet est merveilleux mais nous sommes heureux de revenir car il n'y a pas mieux qu'ici".
"Les championnats et le stade Roland-Garros nous avaient beaucoup manqué lors de la crise sanitaire, renchérit son mari, qui note que le site s'est encore professionnalisé. "Avant, il n’y avait qu’un ou deux courts bâchés. Cette année, il y en a quatre, ce qui est très pratique en cas de pluie".
Et le joueur du BO de conclure : "Roland-Garros est le cœur du tennis et de la Fédération : les terrains sont magnifiques, les courts sont parfaits, jamais un faux rebond... Personnellement, je me sens juste heureux de pouvoir jouer ici".
