Le Conseil national des enseignants professionnels (CNEP), fort d’une trentaine de membres, s’est tenu le 8 septembre dernier au stade Roland-Garros, en présence notamment du président de la FFT Gilles Moretton, du DTN Didier Retière et de Florence Hutin, représentante des entraineurs au sein du Comité fédéral. Trois nouveaux membres de cette instance évoquent ce rassemblement. Témoignages.
Les Témoignages
Romain Fossier, 35 ans, ex 5/6, enseignant au TC Saint-Germainmont (Ardennes), ainsi qu’à Guignicourt (Aisne)
‘’L’impression que nous avons été entendus’’
« En participant, le but était de représenter tous les enseignants de ma région (Marne, Haute-Marne, Ardennes). Car, tous réseaux sociaux confondus, sous le nom de « Mon Entraîneur Perso », je cumule environ 50 000 abonnés. Ce qui facilite les choses pour faire remonter les bonnes pratiques comme les éléments à modifier. J’ai trouvé ce rendez-vous très bien fait car j’ai vraiment l’impression que nous avons été entendus. Les enseignants ont pris la parole pendant 30 minutes, les membres de la FFT ont acquiescé et nous aurons des réponses qui se traduiront sans doute par des mesures concrètes lors du prochain événement. Nous avons abordé 3 des 4 thèmes (Communication fédérale et organisation territoriale, Conditions de travail et reconnaissance du métier, Formation des enseignants et pédagogie mais pas le Classement et la Compétition par manque de temps, qui sera traité par la suite). Or sur chacune de ces thématiques, Pierre Cherret a désigné un membre de la Fédération ainsi qu’un élu comme référents. Ce qui permet au rapporteur du Conseil National des Enseignants de rester en lien permanent avec eux, afin d’échanger. Pendant les autres mandatures, chaque enseignant faisait son truc dans son club. Il en informait son Comité départemental, mais ça n’allait pas plus loin. Pour le reste, l’information était descendante : on partait de la Fédération qui transmettait à la Ligue, qui transmettait aux Comités, qui transmettaient aux Enseignants. Aujourd’hui, après le Tour de France de Gilles Moretton, on a l’occasion de s’exprimer directement auprès de la FFT, puisque le président était présent tout comme le DTN Didier Retière. J’ai démarré le tennis sur le tard à 22 ans, grâce au Pass Tennis. Trois ans plus tard, en 2016, j’ai obtenu mon DE. Pour moi les chantiers prioritaires concernent l’Optimisation de l’Ecole de Tennis, qui permet de modeler le terrain, de mettre plus de monde sur le court, tout en augmentant le volume de frappes. Ainsi que la réforme des compétitions et de classement, en s’inspirant de ce qui se fait sur le padel dont les tournois attirent beaucoup de monde, ce qui permettrait au tennis d’avoir plus de compétiteurs ».
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Emmanuel Godard, directeur sportif du TCM Puget Ville (Var), 50 ans, ancien Seconde Série
‘’Le sentiment de faire partie d'une équipe qui avance dans la même direction’’
« J’ai vraiment senti une volonté d’écoute et de collaboration de la part de la FFT. Il s’agissait de ma première réunion au sein du Conseil des Enseignants. Dans le passé, il existait simplement un syndicat des enseignants qui se réunissait à Roland-Garros mais sans contacts à l’échelon supérieur. Alors que le 8 septembre, Gilles Moretton et Didier Retière étaient présents. On a même pu déjeuner la veille avec le nouveau DTN, dont j’ai aimé le discours, le regard. Venu du rugby, il a envie d’amener du collectif et du partage dans ce sport individuel, deux notions que je trouve puissantes. Didier Retière a aussi envie de décloisonner les choses, le très haut niveau ne représentant qu’une toute petite partie du tennis en France. Le sentiment fort qui ressort de cette réunion est de faire partie d'une équipe qui avance dans la même direction. On a abordé les conditions de travail et la reconnaissance du métier, le constat étant qu’il est dévalorisé, et que les pratiques ont évolué avec les changements sociétaux, certaines personnes « consommant » simplement du tennis. Aujourd’hui, les enseignants qui sortent de formation n’ont plus une vision de leur activité à 5, 10 ou 15 ans, ils vivent au jour le jour, n’ont plus de plan de carrière. Il faut donc que la formation s’adapte à ce que nous vivons sur le terrain, d’où une nouvelle architecture de diplômes avec un tronc commun et des formations complémentaires selon les besoins et situations de chacun. Cette approche me convient. Etant curieux, je me suis formé à la préparation mentale, à la sophrologie, en tant que coach, je suis parti 2 ans sur le circuit pro, j’ai voyagé en Argentine et en Colombie afin de comparer les méthodes d’entraînement, créé une académie en Normandie. Je me forme actuellement au padel comme au pickleball afin d’être « à la page ». Référent Tennis Santé en PACA, je m’y suis également formé, car les enfants comme les parents, restent trop souvent devant leurs écrans. Or la Fédération prend conscience qu’il n’y a pas que le haut niveau. Que la sédentarité est néfaste et la santé mentale primordiale. Beaucoup de choses se mettent ne place pour répondre aux besoins de la société. Dans ce cadre, le Conseil National des Enseignants Professionnels traduit une volonté d’écoute, de partage et de collaboration plus marquée. Dans les clubs, les enseignants sont les premiers acteurs, les piliers, sans eux, on ne peut rien faire. Il faut donc revaloriser ce métier, y redonner goût. A travers mes nombreuses participations (membre du Comité Directeur du Comité du Var, Référent Tennis Santé de la Ligue Paca auprès de la FFT, membre du Conseil des Enseignants), j’essaye de faire partager mon vécu et d’inspirer les jeunes générations d’enseignants car je joue au tennis depuis 43 ans, et totalise 35 ans d’enseignement. Ce qui m’amène à réfléchir au club de demain. Comme Novak Djokovic, je pense qu’il sera multi-raquettes pour répondre aux besoins de tous, avec des espaces de coworking. Il y a aussi une problématique climatique dans le Sud, puisqu’il fait parfois 40 degrés. Les courts devront être semi-enterrés, les clubs végétalisés. Le Sud de la France va constituer un laboratoire. Par ailleurs, en termes de santé, on sait que dans 15 ans, 40% de la population aura plus de 65 ans. Il faudra donc des surfaces douces, qu’on n’a pas besoin d’arroser : il existe déjà des terres battues irriguées par des systèmes de récupération d’eau ».
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Niels Gautier (40 ans, ex 2/6), directeur sportif de l’USBY Tennis, à Bures-sur-Yvette (Essonne)
‘’Cette idée de retour sur chaque thématique me plaît beaucoup’’
« J’ai d’abord été élu au sein de la Commission Enseignants de l’Île de France, puis après avoir candidaté, j’ai été retenu pour faire partie du Conseil National des Enseignants Professionnels (CNEP) afin de représenter les enseignants de notre Ligue, accompagné de trois autres collègues. Mon parcours m’a conduit à entraîner des jeunes de haut niveau sur le circuit Tennis Europe, puis à occuper depuis 15 ans le poste de directeur sportif à Bures-sur-Yvette (USBY Tennis). J’ai également exercé comme juré pour le DE et le DES. Ces expériences m’ont permis d’observer l’évolution du métier dans nos clubs et les pratiques des enseignants, et donc de faire remonter un certain nombre de constats… ou de doléances. Car il faut le reconnaître : beaucoup abandonnent rapidement ce métier. Dans ce contexte, le binôme président – entraîneur me paraît essentiel. Aujourd’hui, l’enseignant ne vit plus exclusivement des heures données sur le terrain. Il assume aussi des missions administratives, élabore le projet club, propose des animations. Certains dirigeants restent encore attachés à une vision ancienne, et il faut les sensibiliser pour qu’ils accompagnent mieux ce nouvel entraîneur, désormais chargé de faire vivre et de développer leur club. Cela exige des compétences transversales, importantes, qui méritent d’être reconnues et valorisées par le président. Mon objectif est de renforcer le lien entre enseignants et employeurs, tout en mettant sur la table des problématiques concrètes : la répartition du temps de travail, l’absence de prise en compte des formations ou des réunions de Comité dans ce temps de travail, ou encore la nécessité de repenser en partie la compétition. Ces constats sont partagés au sein du Conseil National des Enseignants. On sent que le métier est fragilisé : en région parisienne, beaucoup de clubs peinent à recruter et à boucler leurs plannings. J’apprécie particulièrement l’organisation de notre Conseil. Nous travaillons sur de nombreuses thématiques issues de nos territoires, et une charte de travail a été établie pour tout le mandat. Lors de chaque réunion officielle du CNEP, des sujets sont retenus : ils ont été discutés en amont, accompagnés de constats et de propositions. Un porte-parole les présente ensuite et reste en lien régulier avec la FFT. La Fédération répond point par point aux remontées. Cette organisation me paraît très pertinente, l’idée d’un retour systématique sur chaque thématique me plaît beaucoup ».
Propos recueillis par B. Blanchet
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Les 4 thèmes de travail abordés lors de du rassemblement du CNEP :
1/ Communication fédérale et organisation territoriale
- Fonctionnement du CNEP et des CREP,
- Missions
- Organisation du réseau des enseignants
2/ Conditions de travail et reconnaissance du métier
- Statuts, CCNS
- Attractivité, rémunération
- Plan de carrière, pénibilité, médiation,
- Rôle des enseignants formateurs et fidélisateurs
3/ Formation des enseignants et pédagogie
- Formation continue et initiale des enseignants, dirigeants et parents
- Pédagogie et pratique (ados/adultes loisirs, mini-tennis)
- OGT, suivi pédagogique des jeunes, détection
- Formation et récompenses des jeunes compétiteurs
4/ Compétitions & classement
- Place des compétitions dans le parcours
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