Type
Paratennis

Carré para : les Yvelines, laboratoire du haut niveau

Dans ce nouveau carré para, direction les Yvelines. Grâce à la volonté de ses élus, le département francilien a mis en place une cellule haut niveau... autour d'une certaine Pauline Deroulède.
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À une vingtaine de kilomètres de Paris, dans la verdoyante banlieue sud-ouest de la capitale, le département des Yvelines détonne dans le monde du paratennis.

Le "78" et son comité regroupent en effet quelques-uns des plus grands talents du tennis-fauteuil tricolore. Son plus bel exemple ? Au club du TC Voisins, on retrouve pêle-mêle Pauline Déroulède, championne de France et n°1 française, Olivier Langlois, champion d’Ile-de-France, ou encore Anthony Boclé.

La terre de tous les tennis

Cette concentration de talents s’explique par la volonté tenace des élus yvelinois de faire monter en gamme le paratennis depuis plusieurs années maintenant. "La caractéristique du comité ? Nous sommes la terre de tous les tennis, résume son président, Francis Eveillard. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour développer le tennis-fauteuil en peu de temps. Si on déroule l’histoire, il y a quelques années, un joueur local avait l'ambition de participer aux Jeux Olympiques de Rio. Il n'a pas réussi à le faire… mais son parcours a insufflé une dynamique".

 

 

Inspiré par cet exemple, le comité a décidé de se tourner vers tous les publics possibles, en incluant également le tennis adapté et le tennis-santé (qui en était à ses balbutiements). À partir de cette expérience, d'autres joueurs et plusieurs clubs ont sollicité le comité.

Petit à petit, une cellule haut niveau s’est alors créée, sous la houlette d’Aurélie Somarriba, conseillère en développement, responsable de la communication et de la cellule haut niveau de département, mais aussi coach de Pauline Déroulède.

"Le projet s'est monté autour de Pauline, après qu’elle ait été détectée, explique sa coach. On voulait quelque chose de fort, pas juste une structure club. De là un autre joueur s'est greffé au projet, Anthony. Charlotte (Fairbank) s'est aussi un peu entraînée chez nous. Olivier, lui, est tombé un peu par hasard dans le tennis fauteuil, et il ne pensait pas être éligible au paratennis".

"Ils sont tous licenciés au TC Voisins. On s'investit beaucoup et, eux, en retour, ont vraiment envie de représenter leur club. Il y a un effet boule de neige vertueux. Ce ne sont pas des gamins issus du club, mais il y a un vrai esprit collectif car ils s'entraînent ensemble toute la semaine".

 

 

Une logistique à la hauteur des ambitions

Les installations de la cellule haut niveau du comité sont dignes des ambitions : cinq courts couverts chauffés en résine, complétés par trois terres battues et trois béton poreux en extérieur. Des infrastructures qui permettent aux athlètes de s’entraîner toute l’année et de se préparer pour la saison sur terre à partir de fin avril. Comme des valides, les joueurs s'entraînent au quotidien ou au bi-quotidien.

"La journée classique, c'est entraînement tennis / prépa physique, le matin et l'après-midi, précise Aurélie Somarriba. Sur certaines journées, on fait un bloc physique puis tennis le matin, et un autre bloc tennis l'après-midi. En plus de mon travail, il y a un préparateur physique et une entraîneur fédérale, Fabienne Desplanques, qui intervient pour les garçons. Elle entraîne des jeunes ici au comité, donc sur les tournois, je prends le relais sur les garçons. Une équipe de kinés vient deux fois par semaine pour les jeunes valides qui s'entraînent et pour nos joueurs fauteuils, afin d’effectuer un suivi en début et en milieu de semaine".

Aurelie Sommariba, Pauline Deroulede
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Au-delà des athlètes les plus reconnus, c’est tout le département qui a développé un fort attrait pour le tennis-fauteuil. Plusieurs clubs yvelinois sont ainsi référencés paratennis, avec une activité régulière et des adhérents : le TC Voisins donc, mais aussi le TC Flins, le Liberty Country Club, Achères et le TC Morainvilliers Bures. Par ailleurs, le club de Saint-Arnoult a lié un partenariat avec un hôpital spécialisé pour accueillir une activité para.

Au Comité est organisé un tournoi national mais également une compétition internationale (qui passera en ITF 3 en novembre prochain). "On a pris étape par étape, avec d'abord l'organisation de TMC puis, un National, puis un International catégorie Future. Mais on veut 'taper plus haut', pour proposer aux joueurs une compétition de proximité adaptée".

 

Un choix fort mais assumé

"L’embauche d’Aurélie en contrat ESQ (des contrats subventionnés par l’Etat pour développer la pratique sportive des personnes en situation de handicap, ndlr) nous a confortés dans cette voie, reconnaît Francis Eveillard. L’objectif du comité est également de développer la pratique, d'aller vers des établissements spécialisés pour découvrir des jeunes. La difficulté du paratennis est que les joueurs sont souvent isolés. Nous, nous les regroupons pour les faire progresser tous ensemble".

Le président du comité 78 ne le cache pas : une telle ambition a un coût. Mais ce choix est pleinement assumé.

"Nous sommes le seul comité à avoir monté cette cellule. Nous avons une équipe technique compétente et en nombre suffisant pour assurer cette mission sans faire concurrence à la mission première : le repérage, la formation et l'encadrement des jeunes au niveau du tennis. Je sens que l’intérêt pour le tennis-fauteuil évolue, je le constate avec le Pôle France et les projets associés. Nous sommes satisfaits de notre choix qui porte ses fruits".

 

 

Sans oublier l’échéance paralympique, véritable catalyseur de performance, qui se rapproche à grands pas.

"Nous sommes les premiers à avoir lancé cette structure de haut niveau. Mais l'idée n'est pas de rester seul : plus on sera nombreux, plus on sera forts, affirme Aurélie Somarriba. Notre grande échéance, c'est Paris-2024. Pendant des années, les joueurs fauteuils n'avaient pas la possibilité de rêver à une victoire en Grand Chelem, vu qu'ils étaient réservés aux 8 meilleures joueurs et joueuses, avant leur élargissement à 16. Alors que les Jeux sont davantage ouverts (à Tokyo 2020 : 56 hommes, 32 femmes, 16 joueurs mixtes en quads), c'est un objectif plus facilement atteignable. D’autant qu’aux Paralympiques, il y aussi la beauté de représenter son pays. Ce qu'un valide vit, un fauteuil peut aussi le faire. Nous avons donc la volonté de créer un collectif France pour aller chercher une médaille en simple et en double. Ça va être une belle fête".

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