Elsa Jacquemot et Loïs Boisson, 22 ans toutes les deux, vont s'affronter pour une place en 8e de finale de Roland-Garros. Pauline Parmentier décrypte les enjeux d'un match indécis entre deux Bleues au parcours atypique mais en pleine progression.
Elsa Jacquemot, matcheuse née
"Elsa, on la suit depuis longtemps. C'est une joueuse qui est agressive mais qui a tendance à se tendre côté coup droit. Le truc, c'est qu'elle est tellement bagarreuse qu'elle peut retourner plein de situations. Parfois, on ne la voit pas bouger sur une amortie et on se dit qu'elle n'est pas bien. Mais c'est tellement une "matcheuse" qu'elle est capable de se sortir de moments difficiles.
En 2020, elle a fini n°1 juniors et a gagné "Roland" en juniors. Elle a dû penser que c'était fait pour elle alors qu'il y avait encore un énorme travail à fournir. Elle est rapidement montée jusqu'à 200e voire 150e mondiale, mais elle a ensuite longtemps stagné. J'espère que le déclic va arriver et qu'elle va réussir à monter rapidement au classement".
© Clément Mahoudeau / FFT
Elsa Jacquemot a bien grandi depuis son titre chez les juniors.
Loïs Boisson, entre puissance et finesse
"Je suis Loïs depuis que je suis en poste à la FFT. Quand elle s'est fait les croisés l'an dernier (la Niçoise a subi une grave blessure aux ligaments en 2024, juste avant Roland-Garros), je l'ai accompagnée durant la rééducation, on a parlé de ses doutes, de ses espoirs... C'est une fille avec de grandes qualités physiques et un coup droit fabuleux.
Mais ce qui est intéressant, c'est qu'en plus de sa puissance, elle a aussi une qualité de déplacement exceptionnelle et un jeu vraiment varié. Elle a un très bon slice, une belle qualité d'amorties. On l'a vu face à Kalinina, son adversaire au 2e tour. Franchement il n'y a pas eu de match, même si ce n'est pas la Kalinina d'il y a quelques années (elle a été 25e mondiale, ndlr).
Maintenant, il faut qu'elle arrive à alterner encore davantage : jouer plus bombé tout en étant percutante pour conclure les points. Quand elle a le temps d'installer son tennis, c'est fabuleux ce qu'elle développe grâce à son jeu de jambes et sa puissance".
Quelle progression pour les deux ?
"Si Elsa arrive à se poser, à se développer physiquement, à se renforcer en coup droit, elle a une marge de progression énorme. Je pense qu'elle peut facilement entrer dans le top 100. Il faut qu'elle se stabilise dans sa structure. Elle a besoin de s'habituer, de faire confiance aux gens. En ce moment, elle est aidée par la Smash It, c'est bien si ça peut durer.
Loïs peut possiblement voir encore plus loin. Son projet est clair, elle sait ce qu'elle veut, elle est stable. Quand elle s'est blessée, elle a demandé à la FFT de pouvoir l'aider à garder "Flo" (Florian Reynet, son entraîneur, ndlr). Ca montre qu'elle sait où elle veut aller, que son projet est pensé sur le long terme".
Les clefs du match
"Je pense que Loïs a un peu plus d'armes pour gagner et aller en 8e. Mais c'est très difficile à dire. Déjà parce que jouer une Française à Roland-Garros, c'est toujours "chaud". Et pour les deux, tout est nouveau, donc ça va dépendre de la façon dont elles vont gérer la pression d'un premier 3e tour en Grand Chelem. Forcément, elles vont chacune mettre au point une tactique pour contrer l'autre. Mais c'est vraiment la gestion mentale de cette affiche qui devrait être décisive."
Le parcours des deux joueuses à Roland-Garros 2025
Loïs Boisson, 361e mondiale, TC Nice Giordan
1er tour : b. Elise Mertens (6/4, 4/6, 6/3)
2e tour : b. Anhelina Kalinina (6/1, 6/2)
Elsa Jacquemot, 138e mondiale, Cormontreuil TC
1er tour : b. Maria Sakkari (6/3, 7/6[4])
2e tour : b. Alycia Parks (6/2, 6/4[4], 6/1)
