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Roland-Garros
Roland-Garros 2023

Marc, chauffeur à Roland-Garros : "Les vainqueurs sont plus bavards !"

A 74 ans, Marc est chauffeur pour Roland-Garros. Depuis 14 éditions, il véhicule les grandes stars du tennis. Interview.
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Marc, pouvez-vous nous expliquer comment vous avez découvert le tennis ?

J'ai commencé le tennis grâce à mon père. Lui avait 40 ans et moi 16, nous avons pris des cours à Paris. Ensuite, j'ai joué au VGA Saint-Maur. Puis j'ai arrêté quand j'avais 50 ans.

J'ai été classé entre 30 et 15-5, à notre époque, c'était pas mal, mais le tennis a évolué. J'ai beaucoup joué dans la région parisienne jusqu'à l'année 1979. Puis j'ai fait partie d'un club à Toulouse. Depuis mes débuts, je suis un passionné.

Comment êtes-vous devenu chauffeur ?

Par bouche à oreille. En 2010, quelqu'un m'a dit que le tournoi cherchait des chauffeurs. On m'a demandé : "Tu aimes le tennis ? Tu connais Paris ? Tu parles anglais ?". Et ça a démarré comme ça. Maintenant j'ai 74 ans et on m'appelle toujours... depuis 14 ans.

Quelle est la journée type durant le tournoi ?

On a d'abord une formation avant le tournoi, puis un planning nous est donné, ainsi qu'une tenue. Cette année, c'est pantalon blanc / veste bleue. Plusieurs plages horaires existent : le matin, le midi et le soir. Les journées durent entre 8 et 10h. En général, les chauffeurs qui font Roland-Garros adorent le tennis.

Au début de la journée de travail, on va à l'hippodrome de Longchamp, pour récupérer une voiture. On nous dit d'attendre ou d'aller chercher un client à l'hôtel que l'on l'amène généralement à Roland-Garros. Puis on fait du "stand-by" sur des places spécialisées avant d'autres demandes.

Certains chauffeurs s'occupent des joueurs et d'autres des VIP. Il y a plusieurs portes où nous avons la possibilité de rentrer. Ensuite, en fin de journée, on ramène la voiture. L'époque a bien changé, avant les commandes étaient passées sur papier et il n'y avait pas de GPS.

Quelle est l'ambiance dans ces voitures ?

Ça a toujours été très sympa. On est en contact avec les joueurs, mais on les laisse toujours entamer la conversation, on ne prend jamais l'initiative. On peut parler de tennis, mais aussi de sujets divers : de culture, de nourriture... C'est selon l'humeur du joueur.

En général, quelqu'un qui gagne est plus bavard. Je me souviens d'un joueur qui m'avait demandé de mettre Skyrock. Il a commencé à chanter et danser dans la voiture avec ses coachs. Un joueur qui perd, normalement, est beaucoup plus silencieux...

Que représente Roland-Garros pour vous ?

Roland-Garros fait partie du patrimoine français. J'ai connu les victoires de Rod Laver, j'ai vu passer le tennis de l'amateurisme au professionnalisme... C'est impressionnant d'assister aux changements.  Il y a une très belle ambiance. En plus cette année, pas une goutte de pluie !

Moi qui ai connu les anciens joueurs, ça fait chaud au coeur parfois de les véhiculer. J'aime la phrase : "La victoire appartient au plus opiniâtre", ça décrit bien qui était le personnage Roland Garros, mais aussi le stade auquel il a donné son nom.

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