Nathalie Dechy : « La Formation coach WTA, une opportunité au sein de notre plan de féminisation »

Afin d’encourager la féminisation dans tous les domaines, la FFT propose à ses cadres techniques féminins en régions de participer à la formation coach WTA. À partir de décembre et jusqu’au printemps prochain, un groupe de huit personnes va faire partie de ce programme qui doit permettre à davantage de femmes d’entraîner au plus haut niveau. Nathalie Dechy, chargée des relations internationales à la FFT, nous en dit davantage…

Quel est l’esprit de la formation coach WTA ?

Le constat du manque de coachs femmes au très niveau en rejoint un autre plus global en France : il y a beaucoup moins d’enseignantes que d’enseignants, puisque seulement 14% des DE sont des femmes. Je l’ai constaté lors du dernier Roland-Garros en animant une masterclass : elles sont déjà très minoritaires par rapport aux hommes. Il est donc logique que quand on se dirige vers le haut niveau ou le circuit international, on trouve peu de femmes, d’autant que malgré leurs qualités, leurs compétences, on les garde souvent dans la formation et auprès des très jeunes. L’idée, à travers cette formation, est que ces cadres techniques régionales femmes se sentent à l’aise au plus haut niveau. À la FFT, nous avons estimé qu’il s’agissait d’une opportunité au sein de notre plan de féminisation. Par ailleurs, la WTA constate aussi que peu de femmes coachent sur le circuit principal malgré des exemples performants (Conchita Martinez ou Amélie Mauresmo). Donc nos objectifs se rejoignent.

Ce programme se décline dans plusieurs pays...

Oui, il existe depuis trois ans, notamment pour les fédérations ayant comme nous un tournoi du Grand Chelem, à savoir l’USTA, la LTA et Tennis Australia. Cette dernière est d’ailleurs la plus avancée en matière de coachs femmes. Ce programme s’effectue également en regroupant des entraîneurs sur une zone américaine et une asiatique. Partout, la volonté est de s’adresser à des entraîneurs femmes qui n’ont pas forcément l’expérience du haut niveau et se mettent des limites en se disant qu’il sera difficile de continuer à faire progresser une joueuse en route vers les sommets.

À qui s’adresse-t-il ?

Pas forcément aux anciennes joueuses de très haut niveau, mais à des femmes qui entraînent en clubs, comités ou ligues. Par manque d’expérience, de temps ou de connections, elles n’osent pas s’aventurer plus haut.

Comment se compose cette première promotion?

Nous avons huit femmes qui sont cadres dans des ligues ou comités. En l’occurrence quatre CST, une CTR ainsi que trois anciennes joueuses, DE entraîneurs en ligue, qui ont connu une carrière principalement sur le circuit ITF dont Myrtille Georges et Kinnie Laisné.

Quel en est le contenu ?

Principalement en anglais, cette formation se divise en trois parties. La première aura lieu du 8 au 11 décembre au CNE, avec pour formatrice principale Nicole Pratt, ancienne 35e mondiale, ex-coach auprès de Tennis Australia, qui a notamment entraîné Ashleigh Barty. On y parlera philosophie de coaching, notamment en présence de Mélanie Maillard, psychologue en charge du Pôle dimension mentale et psychologique à la DTN, qui a travaillé avec Ons Jabeur, mais aussi avec les cadres techniques régionales sur le dialogue enseignants-parents. Pauline Parmentier, responsable des projets féminins associés à la FFT, coanimera une grande partie de la semaine car elle connaît parfaitement cette période de “sortie de ligue”, pour aller vers le niveau international, en termes d’exigences techniques, physiques ou mentales. Alizé Cornet, nouvelle capitaine de l’équipe de France en Billie Jean King Cup, sera également présente. Durant l’hiver, la deuxième partie se composera d’une vingtaine d’heures d’enseignement en ligne (e-learning), pilotées par la WTA, autour des exigences du circuit et plus largement de l’épanouissement, de la santé mentale ou physiques des joueuses.

Un troisième volet, cette fois sur le terrain, est également au programme...

Oui... Au printemps, nous diviserons la promotion en deux groupes de quatre, qui seront dispatchés sur deux épreuves WTA organisées en France : Saint-Malo et Rouen. À cette occasion, chaque apprenante sera intégrée à un binôme coach-joueuse participant au tournoi, qui lui ouvrira ses portes afin de lui expliquer et qu’elle vive en temps réel la préparation tactique, les entraînements, le suivi en match, les débriefings, la récupération, etc.

Ce contenu fait envie...

Effectivement, je suis très contente que nous puissions le mettre en place. Les candidates se sont d’ailleurs manifestées très vite. Je suis sûre qu’à travers ce programme, elles vont gagner en expertise car elles possèdent déjà les compétences requises mais, souvent, l’entraîneur reste dans sa routine. Il faut oser rentrer dans cet univers du haut niveau. Ce programme a d’autant plus de sens que nos jeunes joueurs entrainés par leur ligue arrivent très vite sur le circuit Tennis Europe qui est international, ce qui va aussi permettre aux cadres techniques participantes d’y être à l’aise rapidement, d’en comprendre le fonctionnement et de s’y créer un réseau.

Propos recueillis B. Blanchet