Kyrian Jacquet : déjà un succès en attendant mieux !

E.B.

24 mai 2025

Présent pour la première fois de sa carrière dans le tableau final de Roland-Garros, Kyrian Jacquet peut espérer mieux encore au vu de sa forme affichée en qualifications. Son coach Stéphane Robert nous dit pourquoi.

Difficile de le rater, sur les courts ou même dans les allées bondées du stade Roland-Garros. Débardeur flashy, muscles saillants, casquette à l'envers ou à l'endroit : Kyrian Jacquet, c'est un look qui détonne et trois victoires de suite dans les "qualifs" du tournoi, synonyme de place pour le tableau final.

Une belle histoire qui fait suite à deux titres sur le circuit Challenger cette année et qui vient aussi mettre du baume à cœur après des années de galère. Longtemps, le Lyonnais a dû composer avec un physique récalcitrant. Abdos, adducteurs, chevilles, tibias, quadriceps... Tout - ou presque - y passe. "Avant, je détestais mon corps, a-t-il confié à L'Equipe. J'avais cette haine. Je ne lui faisais plus confiance. Maintenant j'ai fait la paix avec mon corps".

Une paix qu'il a négociée en chamboulant totalement son alimentation et en multipliant les efforts pour revenir après les coups durs. "Sans vouloir paraître prétentieux, je trouve que je le mérite, a précisé le Français. Je me bats vraiment, j’ai eu des saisons très compliquées avec les blessures et je me suis toujours battu pour revenir. Au final, ça prouve que le travail et la détermination paient". 

Robert, l'expérience

Ce premier tableau final de "Roland" vient aussi récompenser le travail entrepris avec son coach à la All In Academy, Stéphane Robert. L'ancien 50e mondial, 8e de finaliste à l'Open d'Australie en 2014, supervise le Lyonnais depuis plusieurs mois. "On a commencé à vraiment passer du temps ensemble sur le Challenger de Quimper", précise-t-il. 

Robert décrit un élève "bosseur, qui fait beaucoup d'effort pour revenir après chaque pépins. À défaut d'être compétitif à chaque tournoi, il a toujours cru en lui. Physiquement, il est bien en place, très carré. Après ses blessures, il a eu le temps de faire un gros travail physique, notamment sur le haut du corps. Il a la chance d'avoir une vraie qualité musculaire".

Ce travail a d'ailleurs sauté aux yeux des observateurs du tennis. "C'est un peu aussi pour l'esthétique, en rigole Stéphane Robert, mais l'essentiel c'est que ça colle à sa stratégie, à sa vision de jeu. Il fait un gros travail avec Clément Genin, son prépa physique à la All In. Et ce qui est intéressant, c'est la conséquence sur sa qualité de frappe. Il a un tennis agressif, bien sûr, mais sur terre battue, je le pousse encore plus à frapper fort, c'est là qu'il est le plus efficace".

Au quotidien, l'ancien joueur, resté célèbre à "Roland" pour sa victoire homérique sur Tomas Berdych en 2011, reste discret sur sa propre carrière.

"Je ne crois même pas avoir parlé de mes matchs ici avec lui. Je n'en parle que si ça peut être intéressant dans la gestion d'avant match. J'ai eu un parcours "anormal", je suis arrivé dans le tennis pro un peu plus âgé. Je n'étais pas destiné à aller jouer au tennis avec les meilleurs mondiaux. Mais oui, j'ai pas mal de choses à raconter. J'ai beaucoup travaillé sur le mental et je peux aider les joueurs actuels à faire des ajustements, à régler des petits détails qui peuvent coincer dans la tête". 

© FFT / Julien Crosnier

Stéphane Robert a joué son dernier Roland-Garros en 2017.

"L'inconnu, c'est les cinq sets"

Pour son premier tableau final de "Roland", Kyrian Jacquet affrontera un joueur solidement accroché au top 100 : le Portugais Nuno Borges, 41e mondial. Un défi loin d'être impossible, même si la marche reste haute. "Pour Kylian, l'inconnu c'est les cinq sets, estime Stéphane Robert. Ce sera nouveau pour lui. Mais il n'y a pas de raison de s'affoler. Il faut se mettre en mode économie d'énergie et réussir à imposer son jeu. Par contre, en face, il va y avoir du répondant. Et quand on met en place son jeu, mais que l'adversaire trouve des solutions, ça peut te toucher mentalement, t'amener à faire des mauvais choix. Il faut être prêt éventuellement à changer de tactique au cas où ça ne se passe pas comme prévu".

Des conseils tactiques, le coach va en fournir doublement ces prochains jours, lui qui entraîne aussi Ugo Blanchet, également qualifié pour le tableau final et "grand pote" de Kyrian. "J'ai la chance d'avoir deux joueurs qui sont aussi deux vrais amis. Il y a onze jours, ils se sont joués à Zagreb (Challenger) et ils s'étaient aussi joués deux mois plus tôt. J'ai vu comment ça se passe : ils jouent pour gagner, mais ça rigole avant et après. C'est assez facile à vivre car ils se tirent vraiment vers le haut. C'est marrant de voir que, dès qu'il y en a un qui fait une perf, l'autre suit souvent derrière".  

Une saine émulation. Qui serait encore plus belle si elle se poursuit dans les prochains jours à "Roland".

Le programme du dimanche 25 mai