L'année 2025 de Maïré Bray s'est achevée avec une médaille de bronze conquise au Brésil, aux championnats du monde ITF. La Réunionnaise, qui a aussi fait son entrée dans le top 20 et connu son premier carré en BT400, fait le bilan de cette année riche en émotions.
Un printemps difficile
Le bilan de 2025 ? Fort en émotions ! Je commence l'année en jouant avec Lola Barrau. On fait un bon match au Brésil, au BT400 Feira de Santana, contre une des quatre meilleures équipes du monde, Veronica Casadei et Ariadna Costa. Il y a des possibilités de gagner ce match, mais on n'arrive pas à les saisir.
Et ça a de lourdes conséquences. Je pense que cette défaite nous fait beaucoup de mal. Par la suite, nous ne sommes pas arrivées à produire le niveau de jeu escompté, on se frustrait assez rapidement avec Lola. Du coup, après encore deux contre perfs, on décide d'arrêter de jouer ensemble.
Un été en pente douce
Je commence donc une association avec (la Portugaise) Marta Magalhaes, sur un BT200 en Estonie. On débute par de bons résultats et notamment un super match contre Nicole Nobile et Julie Nogueira.
Puis très vite, c'est le début des championnats de France par équipes et par paires. Alors là, il y a vraiment des émotions indescriptibles... Par équipes, je joue avec mon frère Tery, Benjamin Tessanne mais aussi Julie Baillif et Maxence Rolland. On s'incline en finale contre l'équipe de Lift and Slice lors d'une finale de dingue, perdue au mixte décisif. Je suis hyper reconnaissante d'avoir pu faire partie de cette équipe pour la première fois.
Juste derrière commencent les championnats de France par paires. Nous ne sommes pas du tout favorites avec Julie (Baillif). C'est vrai qu'on s'entraîne ensemble mais on n'a pas fait beaucoup de tournois. En demies, on joue contre La Réunion, Mathilde Hoarau et Lisa Jamais. On sauve des balles de match avant de gagner au super tie break.
C'est un grand soulagement de passer en finale. Après, ce n'est que du bonus car le contrat est déjà rempli. La suite est encore plus savoureuse, sachant ce qu'on a vécu en demies. On commence la finale en ne jouant pas très bien. Elles gagnent douze points d'affilée, on prend 3-0 d'entrée... Le début est assez compliqué pour nous.
Mais on arrive à s'en sortir, à trouver des solutions. Les conditions sont pluvieuses, avec du vent. Je pense que ça a plus joué en ma faveur, car je suis habituée à ces conditions au Brésil. On s'impose finalement 7/5, 6/4. Un moment de dingue, surtout pour Julie, qui s'investit dans le "beach" depuis seulement deux ans. On est très amies en dehors donc c'est vraiment très fort pour nous deux.
© FFT / Grégory Conraux
Deux copines championnes de France sur les plages de Saint-Georges-de-Didonne.
Vice-championnes d'Europe !
Début septembre, je participe aux championnats du monde individuels en Italie, en association avec Isabella Sella. On perd au deuxième tour contre Veronica Casadei et Ariadna Costa malgré un très bon match. Au championnat, on peut toujours prendre une grosse équipe dès le premier tour donc je suis déjà contente d'avoir joué deux matchs. On s'arrête au deuxième tour, mais je reste quand même assez satisfaite du niveau de jeu.
Ensuite, on a les championnats d'Europe, où là, on arrive à faire un super tournoi avec Lola, sachant que le début de saison était loin d'être dingue si je peux dire... Mais on arrive à bien jouer sur les championnat d’Europe, on finit vice-championnes. C'est une vraie récompense pour Lola et moi, parce que nous sommes passées par des phases compliquées et cette finale nous a fait beaucoup de bien.
La France finit n°1 au classement des nations. Il y a des moments très forts, avec Maxime Moretto et Paul Gotarda qui sont vice-champions d'Europe et Matthieu Guégano / Nicolas Gianotti qui gagnent le titre dans une finale 100% française. C'est très positif, avec aussi beaucoup de médailles chez les jeunes. Une belle concrétisation pour la France.
Les deux meilleures joueurs françaises, Lola et Maïré, avec leur médaille d'argent en championnats d'Europe.
Une première au Chili
Je repars ensuite jouer avec Marta Magalhaes et nous remportons un BT200 en Martinique. Puis vient le dernier BT400 l'année, à Iquique (Chili), le meilleur pour moi. Pourtant, on fait un début de "compèt" assez particulier : les entraînements ne sont pas top, la fatigue due à l'enchaînement des tournois se fait sentir, tout comme le peu de temps passé à la maison...
Une saison de beach tennis, c'est beaucoup de voyages. Même si on essaie d'optimiser au maximum le temps qu'on peut avoir entre les tournois, ce n’est jamais suffisant pour vraiment être à 100% au niveau des conditions physiques. Ce tournoi ne démarre donc pas forcément dans les meilleures conditions.
Et au final, match par match, on a réussi à se remettre dedans. On joue bien, on ne fait pas trop d'erreurs, on essaie d'accepter le fait qu'on est fatiguées et que ça fait partie du métier. En quart de finale, on affronte Veronica Casadei et Nicole Nobile, qui font partie du top 10 mondial. Et on arrive à gagner, un match de dingue ! C'est une victoire assez significative pour moi, parce que c'est ma quatrième victoire sur une équipe du top 10.
Surtout en fin de saison, quand la fatigue commence à se faire ressentir, qu'on passe par des périodes de doute, on a beaucoup envie de rentrer chez nous. On sait que les vacances arrivent mais qu'il y a encore des échéances. C'est dur d'être mobilisée à 100%, que ce soit mentalement ou physiquement. Mais cette victoire fait vraiment du bien. Beaucoup, beaucoup de bien.
On s'incline en demies, malheureusement, en perdant au super tie break. Les filles en face (Sofia Cimatti et Greta Giusti) savent mieux gérer ce genre de situations que nous. Mais je ne passe pas loin de jouer ma première finale de BT 400 et je retiens juste le positif.
Une fin d'année en apothéose
Fin novembre, je rejoins Maëlle Hibon, Camille Corenthy et Paul Quétin au Brésil pour un BT100. Je suis engagée sur ce tournoi avec Camille Corenthy et on atteint les demi-finales. Malheureusement, Camille se blesse au genou en demies et on doit arrêter pour préserver son physique.
Forcément, je suis un petit peu déçue parce qu'on savait qu'on avait les moyens de faire quelque chose de bien. Mais ça fait partie du sport, malheureusement, encore plus en fin de saison, quand on ressent un peu plus la fatigue des tournois accumulés.
Puis arrivent les championnats du monde par nations... Des championnats du monde de dingue ! On joue bien pendant toute la phase de poules, on assume notre statut de favori. Puis en quarts de finale, on bat Porto Rico 2-0, avant de défier le Brésil.
Avec Maëlle Hibon, on perd le double dames mais en faisant un bon match contre Sophia Chow et Vitoria Marchezini, la meilleure équipe du monde actuellement, qui vient de remporter les quatre derniers grands tournois. Les garçons gagnent au super tie-break et on arrive au mixte décisive contre Andre Baran et Rafaella Miller.
Malheureusement, on perd cette rencontre. Ils étaient beaucoup, beaucoup plus forts que nous. "Nico" est un très bon joueur, mais nous manquons d'expérience en commun. Durant l'année, il y a peu d'occasions de jouer ensemble. Et puis, nous sommes simplement tombés face à plus forts que nous.
Bronzés !
Du coup, on se retrouve à jouer une troisième place contre, contre l’Italie, qui était une des équipes favorites, championne du monde en titre. Ils ont l'une des meilleures équipes dames du monde avec Giulia Gasparri et Ninny Valentini, mais aussi Mattia Spoto et Michele Cappelletti. Pourtant, on sait qu'on fait des choses bien depuis le début, donc on y croit. On perd au super tie en double femmes contre Giulia Gasparri et Ninny Valentini en faisant un très bon match.
Derrière, les garçons s'imposent en patrons, 6/0, 6/3 et la médaille se joue donc au double mixte. Avec Nico, on affronte Michele Cappelletti et Sofia Cimatti, une des meilleures équipes au monde. On est mené 5-1 au premier set. On a l'impression qu'il va se passer la même chose que face au Brésil. Mais... petit à petit, on grappille. Un jeu, puis deux, puis trois : on se remet dedans. Les adversaires sont un peu surpris par cette remontada et on gagne le premier set 7/5.
C'est un moment de dingue... qui est loin d'être fini, car le même schéma se reproduit au 2e set : 1-0, 2-0, 3-0, 4-0, 5-0 pour l'Italie. Et encore une fois, un petit jeu grappillé par ci, un deuxième par là, puis un troisième, et on arrive à égaliser à cinq partout. On y croit de plus en plus et on finit par s'imposer 7/6.
Je ne saurais même pas décrire encore les émotions que je vis après la balle de match. Je pense que je ne m’en suis toujours pas remise ! C'était vraiment un moment d'anthologie. Une remontada comme ça, sur un match de cette importance... D'autant que la France n'avait encore jamais battu l’Italie en Coupe du monde.
Pouvoir ramener le point décisif à l'équipe, c'est magique. C'est aussi beaucoup de pression parce qu'on sait que tout dépend de toi sur ce match-là. Plus rien ne peut arriver, à part ce que toi, tu vas produire sur le terrain. Après la défaite de la veille contre le Brésil, j'avais vraiment envie de bien faire, de montrer que nous sommes compétitifs face aux meilleurs. C'est ce qu'il s'est passé et c'était vraiment merveilleux.










