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Préparation physique : Jean-Marc Duboscq : « Rendre les enseignants acteurs de leur projet »

Coordinateur de l’entraînement physique dans les territoires, Jean-Marc Duboscq a plusieurs missions au sein de la DTN*, dont la formation professionnelle continue. Il s’y est particulièrement attelé pendant le confinement, mettant notamment en place des webinaires relatifs à la préparation physique à destination des enseignants en club.

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Comment s’est passé le lancement des webinaires pour la formation relative à l’entraînement physique ?
Au départ, on n’était pas du tout en ordre de marche ! Les contenus n’étaient pas orientés pour du non-présentiel, puisqu’on s’appuie toujours sur la partie terrain, qui est prégnante. Il a fallu se réinventer. J’animais avec Alexandre Hidalgo, qui est entraîneur physique national au Pôle France de Poitiers. Cet appui aux collègues enseignants professionnels était vraiment important au regard d’une situation particulière. D’où le lancement de ces formations à distance que nous ne proposions pas auparavant.

À qui s’adressent-elles ?
Depuis de nombreuses années, il existe des formations relatives à la préparation physique. Elles ont évolué, mais le but reste d’élever le niveau, quel que soit le contexte. Il y a le haut du panier, ceux qui sont tournés vers la spécialisation entraînement physique. Mais il y a aussi les compétences des enseignants professionnels en club à développer. L’idée générale est d’avoir une formation qui peut répondre à tous les besoins. En revanche, ces webinaires ont été mis en place sur la catégorie des 8-12 ans et s’adressent aux enseignants des clubs. Le but est de développer leurs compétences de manière à ce qu’ils puissent identifier les priorités d’entraînement dans ces catégories pour ensuite les organiser. Cela entre dans un objectif d’amélioration de la formation des jeunes, en lien avec le plan de performance fédérale défendu par le DTN. Au final, cela doit servir le haut niveau, mais aussi le développement de la pratique.  

Quelle en est l’approche ?
Il y a d’abord une approche systémique de l’entraînement, visant à bien montrer que le tout est souvent plus important que la somme des parties. L’entraînement physique vient au service de la formation du joueur, cette notion est primordiale. Il n’y a pas d’un côté le physique, d’un côté la technique, d’un côté le mental. La formation du joueur est globale. Cette approche systémique est au cœur des formations contemporaines. On ne peut pas non plus mettre de côté l’aspect santé. Les formations sur le physique doivent répondre à cette exigence, car la FFT doit veiller à la santé de ces pratiquants et notamment de ces jeunes joueurs. Ce qui commence par le club.

Former sur la préparation physique semble un vrai besoin pour les clubs...
C’est nécessaire. Lors des webinaires, qui rassemblaient une vingtaine de participants à chaque fois, un de leurs besoins était surtout la façon d’organiser, de planifier, de programmer. Dans les clubs, il n’y a pas toujours d’installations se prêtant à de l’entraînement physique, pas les créneaux nécessaires. On a essayé de pointer du doigt que le physique faisait partie du jeu, qu’on pouvait en faire également sur un terrain de tennis. Il ne se limite pas à faire de la vitesse, c’est aussi apprendre à s’échauffer, à récupérer. Ce sont de forts enjeux qu’on a fait passer lors des formations.

Avez-vous eu beaucoup de demandes ?
Nous avons dû refuser du monde ! Pour les quatre webinaires organisés pendant le confinement, on a touché plus de 100 enseignants. Souvent, ils manquent de confiance en eux sur le développement de l’entraînement physique. Ils ont la crainte de mal faire, alors que le principal risque est justement de ne pas faire. Une des premières préoccupations des formations est de donner cette confiance. Il y a des barrières à faire tomber pour ouvrir le champ des possibles.

Et qu’en est-il du contenu préparation physique pure de ces formations ?
Aujourd’hui, il y a une énorme évolution. Avant, l’axe primordial était d’augmenter les ressources des pratiquants. On insistait sur le fait d’aller plus vite, plus haut, plus longtemps. Aujourd’hui, on est de plus en plus sur un modèle fonctionnel, avec une approche prophylactique. L’entraînement a un lien avec le respect de l’intégrité physique et c’est un vrai changement. D’ailleurs s’il y a une forte demande, c’est aussi en rapport avec cette approche fonctionnelle. Sur les webinaires, il y a eu beaucoup de questions sur les étirements, le renforcement musculaire chez les petits, ce qui est assez récent. On est passé de l’entrée qualité physique à 100 % à une entrée prophylactique et entraînement fonctionnel. C’est un axe très important à respecter, notamment aussi chez nos meilleurs jeunes.

Est-il facile de donner toutes ces clés aux enseignants ?
Il faut avant tout les inciter à dépasser certaines compétences pour aller plus loin. On n’est plus dans des formations avec des catalogues d’exercices, des situations pédagogiques précises. Aujourd’hui, un objectif est d’insister sur cette notion de les rendre acteurs de leur projet. Le but est qu’ils s’approprient une idée, une méthode. Ces webinaires étaient très intéressants. Si on est un peu ingénieux, on va arriver à proposer désormais de nouveaux modèles de formation, en associant le présentiel et le distanciel. Rien ne remplacera le terrain, mais avec les retours sur les webinaires, on a vu que ce qu’on a pu apporter a été très positif. Cela va nous requestionner sur notre modèle de fonctionnement et c’est une très bonne chose.
 
Propos recueillis par E. C.


* Ses 3 missions : l’optimisation de la formation des 13 ans et moins filles, 14 ans et moins garçons, la coordination de l’entraînement physique dans les territoires, la formation initiale sur les contenus DE ou DES et la formation professionnelle continue des enseignants professionnels des cadres techniques et des entraîneurs