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Circuit pro

Arthur Rinderknech : "L'important, c’est le niveau"

Vainqueur de deux Challenger en un mois, Arthur Rinderknech, 24 ans, vit un début de saison tonitruant.
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Arthur, vous venez de remporter le Challenger de Calgary il y a quelques jours. En finale, vous avez dominé le franco-américain Maxime Cressy. Racontez-nous un peu ce match...

On venait juste de s’affronter la semaine d’avant en finale du Challenger de Drummondville. Là-bas, j’étais assez émoussé physiquement, puisqu’on avait gagné le double avec Manuel Guinard. Contre Maxime Cressy, il faut être très rapide et très vif pour tirer les passings. C'est un excellent serveur et il met beaucoup de pression. J’avais perdu 6/4 au 3e set...

A Calgary, je pense qu’on était un peu plus dans les mêmes conditions physiques. Dans le premier set, je me fais breaker d’entrée sur un mauvais jeu de service. J’ai beaucoup d’occasions de revenir, mais il sert vraiment bien, il claque des aces, des services-volées assez incroyable. J'arrache le jeu décisif du 2e. Dans le 3e, je réussis enfin à breaker à 2-2 et à garder mon service. Une belle victoire.

En deux mois, vous avez triomphé sur deux Challengers, et atteint la finale d'un autre. Fin octobre, vous étiez 360e à l'ATP. Aujourd'hui, vous êtes 160e mondial. Comment expliquez-vous cette dynamique ?

Depuis un bon moment, je travaillais bien, les sensations étaient bonnes à l’entraînement. Ça ne payait pas forcément en match... Mais ça paye toujours à un moment donné.

Début janvier, je suis parti m’entraîner à Rennes (tout en restant licencié au TCBB, ndlr).  Je suis au TC Saint-Grégoire, avec mon coach Sébastien Villette, que l’on partage avec Manuel Guinard, lui aussi présent dans les 300 mondiaux. Sébastien a les compétences pour gérer le tennis et le physique, ce qui est très pratique car il adapte parfaitement ce qu’il nous fait faire sur le terrain et dans la salle.

Je suis évidemment agréablement surpris des résultats. Je ne vais pas me plaindre ! Je savoure et j’espère que ça va continuer.

Nicolas Gouhier / FFT
En double, avec Manuel Guinard.
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Votre parcours est un peu particulier. Vous avez suivi un cursus universitaire aux Etats-Unis pendant plusieurs années, ce qui explique notamment que vous entrez dans les meilleurs mondiaux relativement tard.

J’ai 24 ans... Ce n’est pas vieux mais pas si jeune non plus ! Je ne suis passé pro qu'il y a un an et demi. A 18 ans, j'ai décidé de partir aux Etats-Unis. J'avais alors un bon niveau : j’étais classé-15, j’avais fait quart de finale aux championnats de France en juniors... Mais ça coûte très cher de se lancer sur le circuit quand tu n’as pas forcément le niveau pour être tout de suite dans les 300 ou 400 meilleurs.

J’étais assez lucide pour savoir que, mentalement, je n’étais pas prêt à affronter le circuit et ses déplacements toute l’année, tout seul. Je n’étais pas le plus mature. J’ai toujours suivi  des cours "classiques", je n’étais pas au CNED, ni dans des structures fédérales plus jeune. Et puis je voulais continuer les études aussi. C’était un bel apport au point de vue professionnel. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans le sport.

Partir outre-Atlantique vous semblait la meilleure combinaison ?

Oui, je pouvais continuer à bien progresser, à prendre du niveau, de la maturité. Et voir si au moment de mes 22 ans, j’avais toujours l’envie de me lancer sur le circuit. J’ai eu la chance de tomber sur une très bonne université, la Texas A&M, avec d’excellents coachs. J’ai obtenu mon diplôme en business en juin 2018 et j'ai continué à bien jouer au tennis.

Je remercie la FFT qui a suivi mes résultats là-bas et qui m’a proposé de l'aide pour m’entraîner à mon retour en France à l’été 2018. La "Fédé" m’a entraîné jusqu’à janvier. Puis j’ai cherché quelque chose de différent, je voulais entendre un autre discours. D'où mon départ à Saint-Grégoire. Il y a aussi beaucoup de jeunes très talentueux en France, et je sais que je n’étais pas la priorité fédérale. C’est tout à fait normal.

ATP Challenger
Un titre de plus sur le circuit Challenger !
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Quelle est l'ambiance sur le fameux circuit universitaire américain ?

C’est une structure d’entraînement presque professionnel. Il y a deux heures de physique par jour, une heure et demie d’individuel tous les jours, puis un entraînement d’équipe à 6/8 joueurs pour trois coachs pendant deux heures. Un programme très intense.

Pendant le "fall" de septembre, il y a de nombreux tournois individuels. Pendant le "spring", entre janvier et mai, c’est la saison des matchs par équipes, et on joue tous les deux ou trois jours. L'ambiance y est parfois complètement dingue et le niveau est très élevé. Il suffit de voir les joueurs qui sortent des universités et leur classement... ça témoigne de la qualité.

Quels joueurs avez-vous rencontré ?

Je suis de la génération des Cameron Norrie, Mackenzie McDonald, Mikael Torpegaard, JJ Wolf, Brayden Schnur... Des joueurs qui sont dans les 150 premiers à l'ATP et que je rencontrais très souvent en match. Là-bas, j'ai aussi croisé mon ami Florian Lakat, que je connais depuis le lycée

Comment envisagez-vous la suite de la saison ?

La suite, c’est de continuer à travailler, garder la tête froide pour tenter de progresser. La seule chose qui importe, c’est le niveau. Si le niveau est là, les résultats suivront. Donc, je n'ai aucun objectif de classement ou de titre. Il faut juste essayer de faire ce qu’il faut pour être meilleur et remporter le plus de match possible.

ATP Challenger
La belle série de résultats continue !
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Avec votre progression, vous pourriez être tenté par jouer des tournois ATP...

Je vais en discuter avec mon coach. C’est surtout lui qui gère la programmation. Je sais que je me rapproche des "cuts" des ATP 250. Si j’ai l’occasion d’en jouer, si le calendrier est bon, si les surfaces correspondent, ce sera avec plaisir. Pour le moment, le programme est centré sur les prochains Challengers et je ne regarde pas trop à long terme.

Vous avez une surface de prédilection ?

Pas vraiment, je me considère comme un joueur multi-surfaces. J’aimais beaucoup la terre battue jusqu’à mes 18 ans, j’ai énormément joué dessus. Mais en quatre ans aux Etats-Unis, j’ai eu le temps de m'habituer au dur. C’est assez drôle car j’ai des bons résultats sur dur intérieur mais mon coach est persuadé que j’en aurais de meilleurs sur terre battue extérieure.

Au vu de votre classement actuel, est-ce que Roland-Garros trotte dans un coin de votre tête ?

Oui, comme pour tous les Français. C’est un tournoi mythique, un rêve d’enfant même. Aujourd'hui, j’ai le classement pour jouer les qualifs, c'est vrai. Mais il reste encore beaucoup de semaines avant mai. Et des tournois, peut-être moins émotionnels, mais tout aussi important.

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